Eh bien! j’allais prier Dieu.
Bon! tous, matin et soir, nous prions ; mais une prière, en plein midi, dans une église, c’est moins ordinaire, et je me suis lancée dans le champ des suppositions. J’en ai fait mille. Je me suis dit : Le comte prépare un grand coup. Me suis-je trompée?
Non. Je me prépare à quelque chose de grave en effet.
Voyez-vous, marquise! Ah! la belle chose que l’indiscrétion! car vous n’ignorez pas, comte, que vous êtes une énigme. Il fera ceci, il fera cela. Quoi? Personne n’en sait rien. Et nous, grâce à mon indiscrétion, nous saurons tout, vingt-quatre heures avant les autres journaux. Allons, comte, ne vous exécutez pas à demi ; confiez-nous ce secret; il sera bien placé. Vous mariez-vous? Entrez-vous dans les ordres? Fautes-vous un ouvrage sur la réforme des mœurs?
Est-ce qu’il faut répondre sur tout cela, madame ?
N’omettez rien.
Je me marierai, si quelqu’un pense là-dessus comme moi ; j’entrerai dans les ordres, si c’est la volonté de Dieu, et je veux, en tous cas, essayer de vivre de telle sorte que ma vie soit un traité pratique de la réforme des mœurs.
C’est donc vrai?
Quoi, madame?
Vous êtes...
Achevez.
Monsieur le comte, vous ne faites rien, je le sais, que sérieusement et honorablement, et je serais désespérée de prononcer un mot qui vous blessât; mais enfin, lorsque l’on m’apprend que quelqu’un du monde, une femme et surtout un homme, se... convertit, donne dans la... piété... j’estime la piété pourtant... néanmoins... comment tous le dirai-je? involontairement j’y attache une idée de...
Une idée de ridicule, n’est-ce pas, madame?
Quelque chose comme cela.
Oh non!
Pourquoi vous en défendre? Voyez la noble franchise de Mme la baronne.