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reconnaît un douaire de 300 000 francs de rente à la duchesse d’Orléans. (Je me suis abstenu dans ce vote.)

En octobre 1350, j’ai proposé de faire cesser l’exil de tous les Bourbons, que la république ne devait pas craindre, et qui devraient être, comme nous tous, des citoyens. Je faisais pour eux ce que jamais ils n’avaient voulu faire pour moi, exilé avant de naître ! Je ne voulais pas leur rendre un royaume, mais une patrie. Je ne voulais pas de princes, mais des citoyens. Presque tous leurs amis, leurs anciens ministres et hauts fonctionnaires ont voté leur exil, ou se sont abstenus, ce qui était voter indirectement contre eux. Ma proposition n’a été appuyée que par quelques hommes généreux, quelques amis personnels, et quelques républicains de principe qui m’ont compris.

Cette lettre est bien longue ; mais j’ai cru qu’il était nécessaire d’entrer dans quelques développemens pour exposer les faits dans toute leur vérité et les dégager du faux jour sous lequel ils paraissent dans l’article de M. de Montalivet. Je n’ai pas besoin d’ajouter que cette seule intention m’a déterminé à vous écrire, et qu’il n’y a aucune intention malveillante de ma part vis-à-vis d’une famille déchue. Quoique adversaire politique des d’Orléans, je saurai toujours respecter leur malheur.

Recevez, monsieur le rédacteur, l’expression de mes sentimens très distingués.

NAPOLÉON BONAPARTE, Représentant du peuple.


AU MEME.

Monsieur,

La lettre de M. Napoléon Bonaparte, que vous avez bien voulu me communiquer, me suggère, avant tout, une remarque :

Elle ne dément pas un seul des faits que j’ai avancés comme preuves des sentimens généreux du roi Louis-Philippe envers les princes de la famille Bonaparte. Quel est donc le but de cette lettre ?

Louis-Philippe respectait le culte des souvenirs. La reconnaissance que je n’ai cessé de professer pour la mémoire de l’empereur m’avait honoré à ses yeux.

M. Napoléon Bonaparte se serait donné le double avantage d’être juste et habile, s’il eût témoigné plus de respect, sinon de la reconnaissance, pour la mémoire de Louis-Philippe.

Que l’honorable représentant du peuple se refuse à voir un acte de générosité dans la conduite du prince qui, contrairement aux prescriptions de la loi, a plus d’une fois ouvert les portes de la France aux membres d’une famille proscrite ;

Qu’il ne tienne aucun compte du premier pardon accordé par le roi Louis-Philippe à la révolte armée d’un neveu de l’empereur ; qu’il oublie les termes noblement sévères dans lesquels Louis Bonaparte lui-même a caractérisé plus tard cette tentative sous les murs de la prison où il avait expié sa témérité contre les lois de la patrie[1] ;

  1. Moniteur du 21 juillet 1849.