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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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14 octobre 1850.

Depuis que l’année 1848 a jeté si brusquement la politique en dehors des procédés anciens et des voies battues du système parlementaire, la Chronique s’est imposé, ou plutôt a reçu de la force même des choses, une mission particulière au milieu de la presse. Qu’on nous pardonne de rappeler en peu de mots le rôle qu’elle a trouvé de son goût. On comprendra peut-être que nous ayons aujourd’hui sujet de vouloir l’expliquer.

La Chronique n’a pas cessé, elle ne pouvait cesser de défendre les grands principes d’ordre social dont la Revue entière a toujours été l’un des organes les plus dévoués. La Chronique n’a pas cessé non plus d’écouter avec une respectueuse déférence les inspirations ou les avis des hommes éminens du parti conservateur et modéré qui ont bien voulu lui témoigner leur intérêt. Nous ne saurions cependant nous dissimuler que nous avons été et que nous sommes du parti en général plus que de l’une quelconque de ses nuances, et, s’il faut le dire, de l’opinion même encore plus que du parti. Les nécessités de la polémique obligent évidemment les feuilles quotidiennes à se classer d’une façon moins indéterminée, à marquer des préférences plus nominales que nous n’avons besoin de le faire dans les conditions de notre périodicité. Lorsqu’on a tous les jours à paraître en ligne, il faut serrer de très près ses chefs de file et prendre sans discuter la consigne du moment. On appartient à un corps d’armée dont on doit suivre les marches et même les contre-marches, sous peine d’entraver des opérations auxquelles on est essentiel. Nous avons la prétention très modeste de ne nous croire essentiels à rien, et nous demandons uniquement qu’on excuse en faveur de cette modestie les irrégularités qu’on a pu quelquefois apercevoir dans notre discipline.

Nous ne sommes pas des soldats placés chaque matin sous le feu des événemens et chaque matin obligés d’y répondre nous sommes des observateurs qui jugeons à l’écart et le plus souvent après coup. Le journalisme ordinaire,