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et la dépense. L’administration d’un chemin de fer rassemble plusieurs industries et entretient un immense personnel. Pour donner la vie à toutes ces usines et pour animer toutes ces opérations, l’intelligence et l’activité de l’intérêt privé sont des stimulans nécessaires. Voyez le gouvernement belge ; c’est là une puissance neutre et le moins occupé des gouvernemens. Placé à la tête d’un pays qui va tout seul, on dirait qu’il a imaginé de construire et d’exploiter son réseau de chemins de fer pour avoir l’air de faire quelque chose. Eh bien ! réduit à cette unique occupation, il ne s’en est pas tiré tout-à-fait aux applaudissemens de l’Europe. Il ne se peut rien voir de plus mal outillé ni de plus mal exploité que les chemins de fer belges. Les convois y cheminent avec une lenteur désespérante. Après quinze ans d’exploitation, ayant à desservir une population agglomérée, riche et active, ils ont si faiblement développé la circulation, que le chemin du Nord, à lui seul et dès cette année, obtiendra un revenu beaucoup plus considérable. Faut-il parler du chemin de fer de Lyon ? Bien que M. le ministre des travaux publics en ait placé l’exploitation sous la surveillance des hommes les plus habiles, il n’a nullement répondu aux espérances que, cette grande voie de communication avait fait naître. C’est une ligne qui, au lieu de surpasser le chemin du Nord, comme on l’avait cru, se place à peine au même rang que Strasbourg.

Dans toutes les hypothèses, il y a donc plus de 60 millions à retrancher du produit de ce monopole. M. Pelletier enfle dans une proportion égale les résultats de ceux qui suivent. Ainsi les mines de houille et d’anthracite donnent un produit brut de 33 millions ; il le porte sans balancer à 40. Les salines, en combinant l’impôt actuel avec la valeur des sels qui entrent dans le commerce, pourraient produire 38 millions ; il en met 78 en ligne de compte. On exagère la valeur du fer, de la fonte, de l’acier et du cuivre produits en France, quand on les porte à 100 millions, année moyenne ; M. Pelletier écrit 140 millions. Ainsi voilà 147 millions de mécompte sur les monopoles, auxquels il faut ajouter, selon le calcul le plus modéré, 150 millions sur les assurances, a u total 297 millions à rayer des recettes dont les socialistes s’étudient à dresser vers l’avenir le gigantesque échafaudage.

Cependant le chef-d’œuvre de ce budget est sans contredit l’article relatif aux banques. M. Pelletier estime le produit de ce monopole, les bénéfices bruts que l’état devrait retirer chaque année de l’émission du papier-monnaie, au moyen de l’escompte ou des prêts sur rente, à la somme de 215 millions. J’ai voulu me rendre compte des élémens de cet énorme revenu, que ne produiraient pas assurément toutes les banques publiques du monde civilisé mettant en commun leurs recettes. Voici ce que j’ai trouvé.

Le produit brut des opérations de la Banque de France en 1847