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« 21. – Abolition des livrets, des patentes et des cautionnemens.

« 22. – Impôt sur le revenu, les actions industrielles, les rentes hypothécaires, et généralement toutes les valeurs qui en ont été jusqu’à ce jour abusivement exemptées.

« 23. – Destruction de l’usure par l’organisation du crédit national ; toutes les banques réunies en une seule dans les mains de l’état et prêtant aux propriétaires, aux agriculteurs, aux commerçans, aux industriels et aux associations ouvrières, avec un intérêt modique, destiné à affranchir les contribuables d’une partie de l’impôt.

« 24. – Exploitation par l’état de toutes les entreprises d’utilité publique, telles que chemins de fer, canaux, usines à gaz, assurances, etc.

« 25. – Révision des baux, des fermages et de tous contrats qui porteraient manifestement un caractère de spoliation.

« 26. – Restitution intégrale et solidaire du milliard des émigrés avec les intérêts.

« 28. – Concours fraternel donné par la France aux peuples de l’Europe pour recouvrer leurs droits. »

La Société de résistance va plus loin que M. Louis Blanc, qui ne s’arrêtait pas lui-même, comme le compte-rendu de la montagne, aux limites posées par M. Pelletier. À la ruine de l’impôt, elle joint la destruction des fortunes particulières, qu’elle va ébranler jusque dans leurs bases par la révision des contrats. C’est peu de poser en principe le droit au travail et le droit à l’assistance ; elle veut ouvrir partout des ateliers, bâtir des hôtels des invalides, et suppléer la famille en se chargeant de nourrir les vieillards ainsi que les enfans. En proposant de rétribuer les magistrats municipaux, elle double la dépense des fonctionnaires ; Il n’y a qu’un point sur lequel la Société de résistance montre plus de prévoyance que n’en font paraître communément ses émules en socialisme ; en chargeant l’état de tout faire pour les individus, elle a songé à lui en donner les moyens, et de là ce décret de restitution ou plutôt de confiscation qui est lancé solidairement, capital et intérêts, contre tous ceux qui ont pris part au milliard des émigrés. La méthode n’a rien de neuf, et la république sociale ne serait pas le premier gouvernement qui aurait fondé sur la spoliation des richesses privées la grandeur momentanée de la richesse publique.

N’insistons pas cependant sur les conséquences de ces monstrueuses conceptions. Les textes que nous avons cités interviennent ici uniquement pour montrer que, dans le camp des socialistes, M. Pelletier n’est pas un rêveur solitaire, et qu’il s’est inspiré au contraire de la pensée du parti en donnant un corps aux combinaisons dont il voyait errer autour de lui les ombres informes. M. Pelletier nous promet le même avenir que font miroiter à nos yeux les quatre-vingt-neuf représentant de la montagne, M. Louis Blanc et la Société de résistance. Seulement, et voilà son mérite selon nous, il condescend à nous dire, par