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permettrait l’emploi, des associations agricoles et des associations industrielles, fondées sur le principe de la fraternité, faites à l’image de la famille, solidaires les unes des autres, et destinées, en s’étendant par l’exemple et par l’attrait, à devenir le système général du pays… si bien que, sans précipitation, sans violence, sans spoliation, sans secousse, et rien qu’en descendant la pente sur laquelle elle aurait été placée, la société se trouverait, au bout de quelque temps, dans un monde nouveau.

« En ce qui concerne la politique extérieure, le socialisme prendrait pour devise la conquête jamais, la propagande toujours. Pacifique par principes, il saurait être guerrier tant qu’il resterait en Europe des aristocraties ou des rois, et, convaincu que notre nation est la nation émancipatrice par excellence, que son rôle historique est de représenter le mouvement et de le conduire, que son sang appartient à toute la terre, il tiendrait à la dispostion de chaque peuple opprimé l’épée de la France et le courage de ses enfans. »

M. Louis Blanc conclut en affirmant qu’il n’y a rien, dans ce vaste plan, « qui n’ait un caractère parfaitement pratique et qui ne soit immédiatement réalisable. » Ce n’est, selon lui, qu’un premier pas, un pas prudent et sûr dans les voies qui mènent à la vérité absolue. Il aurait craint de doubler la dose et de transporter dans les régions pures de l’idéal une société aussi corrompue que la nôtre et aussi profondément ignorante. C’est probablement à son ignorance et à sa corruption que la société doit de n’être pas soumise par M. Louis Blanc à une expérience encore plus large et plus décisive Sans cela, le budget des dépenses, tel que M. Pelletier l’a proposé, ce premier pas dans le nouveau monde, s’arrondirait assurément de quelques autres milliards. Cependant les sociétés secrètes, qui renferment les mystères du parti, ne sont pas tenues de composer avec l’ordre social, et peuvent étendre leur programme. C’est ce qu’a fait la Société de résistance, comme on le verra par les articles financiers de son manifeste, récemment découvert.

« 13. – Instruction commune, gratuite, obligatoire et professionnelle, avec entretien des enfans aux frais de l’état.

« 14. – Organisation du travail industriel et agricole par l’association solidaire, larges commandites données par l’état aux travailleurs associés.

« 15. – Reconnaissance du droit de vivre ; création d’établissemens nationaux par l’enfance, la vieillesse et les invalides du travail.

« 16. – Rétribution des magistrats municipaux et des officiers judiciaires ; gratuité absolue de tous les services résultant de l’exercice de leurs fonctions.

« 17. – Réduction des gros traitemens et augmentation de ceux qui sont insuffisans.

« 18. – Réduction des grosses pensions et suppression de celles indûment accordées.

« 19. – Abolition de la prestation en nature.

« 20. — Abolition de l’exercice et des impôts sur les boissons, le sel, la viande, etc.