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HISTOIRE FINANCIERE.




LE BUDGET SOCIALISTE.




La critique de la société est devenue une thèse banale. Ce lieu commun, débité sans et déjà écouté sans avidité, tend évidemment à s’épuiser. Avec des déclamations plus ou moins passionnées ou plus ou moins habiles contre la religion, contre la famille, contre la propriété et contre l’impôt, l’on abuse plus que les intelligences peu exercées ou naturellement grossières. Après trente années de disputes, nous n’avons plus rien à apprendre ni à enseigner sur le milieu dans lequel chacun de nous est appelé à vivre ; notre état social est percé à jour. Ce qui a survécu aux révolutions, ce que le temps et les hommes ont épargné résistera certainement à la controverse. En tout cas, au lendemain d’une tempête politique qui a ébranlé tout ce qu’elle n’a pas renversé, quel besoin pourrions-nous encore éprouver de démolir et de détruire ? Dans de pareils momens, la discussion est à peine possible, et l’opposition des bons citoyens se sent désarmée. Quand la redoutable et funeste voix de la place publique a grondé, qu’avons-nous affaire de la tribune aux harangues ?

Et quel serait le prétexte de l’agitation après tout ? Il n’y a plus en France ni volonté ni pouvoir de contester les réformes vraiment utiles ; en revanche, il n’y a pas de sympathies pour la politique d’aventures, ni pour les plagiaires de Saint-Just ou de Baboeuf. Après deux années de tâtonnemens, on veut sortir enfin de l’incertain et du précaire ; une