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II. – GUDALAJARA.

Guadalajara est la capitale de l’état de Jalisco. Placée sur la limite le la terre froide et de la terre chaude, cette ville participe de l’aspect des deux zones qui se partagent le Mexique. Sous un ciel toujours pur, gagée par de nombreux jardins, elle subit parfois l’influence des brises glacées qui soufflent des montagnes voisines. Le Cerro del Col, espèce de volcan éteint, le pic de Tequila, et derrière ces tristes montagnes toute une chaîne de collines abruptes qui cernent le Rio-Tololotlan, tel est le sombre amphithéâtre qui encadre du côté du nord la ville de Guadalajara Des sapins, des chênes verts couvrent ces hauteurs. Sur les bords du Tololotlan toutefois, d’autres régions s’annoncent, et déjà circule un air plus tiède. C’est la tierra-caliente qui se révèle. Aux chênes et aux sapins succèdent les citronniers et les bananiers. Les sables arides font place à des champs de cannes à sucre arrosés par de nombreux cours d’eau. L’aspect intérieur de Guadalajara est des plus rians. Chaque maison a sa huerta (jardin fruitier), et dans tous ces vergers s’épanouit une végétation luxuriante. Guadalajara n’est pas seulement une ville pittoresque, c’est aussi une ville manufacturière ; c’est la seconde cité de la république, comme Lyon est la seconde ville de France, et elle présente avec notre métropole industrielle cette autre analogie, que de tous les centres de population au Mexique, c’est celui où les passions politiques entretiennent le plus d’agitation.

— D’après ce que vous m’avez conté de vos affaires, me dit don Ruperto au moment où nous arrivions en vue de la ville, vous devez séjourner ici au moins une semaine pour attendre l’arrivée de vos muletiers. Je dois, de mon côté, passer dans cette ville quelques jours ; tout va donc pour le mieux. Je vous conduirai dans un meson dont le huesped est mon ami, et, à ma recommandation, vous serez de sa part l’objet d’une attention toute particulière. Vous n’aurez qu’à vouloir pour qu’on ajoute un banc de bois au mobilier de votre chambre, ce qui est un luxe inusité dans ce pays. Et puis, c’est dans deux jours la fête de la Vierge de Zapopam, et j’irai vous prendre à votre auberge pour vous faire voir cette cérémonie. En attendant, je vais loger chez un ami, et je regrette de ne pouvoir vous offrir d’autre hospitalité que celle de la posada publique.

Pendant que le capitaine me donnait ces indications, nous étions arrivés à la barrière ou garita. Un officier vint à notre rencontre, et nous fit signe de ne point passer outre.

— Pardon, senores, nous dit-il ; mais certaines instructions de police m’obligent à vous faire subir un interrogatoire. Je désire donc savoir d’où vous venez et où vous allez descendre dans cette ville.