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ainsi jetterait un jour nouveau sur les faits relatifs à la densité de l’atmosphère et sur quelques points secondaires qui se rattachent à ces questions.

Les phénomènes du magnétisme terrestre actuellement connus recevraient aussi des éclaircissemens très utiles d’expériences exécutées à une grande hauteur dans l’air. Le fait même de la permanence de l’intensité de la force magnétique du globe à toutes les hauteurs dans l’atmosphère, admis par MM. Biot et Gay-Lussac comme conséquence de leurs observations aérostatiques, aurait peut-être besoin d’être examiné de nouveau. La difficulté que présente l’observation de l’aiguille aimantée dans un ballon continuellement agité par les vents, et qui éprouve presque perpétuellement une rotation sur lui-même, rend ces observations difficiles et susceptibles d’erreur. Il ne serait donc pas hors de propos de reprendre, dans des conditions convenables, l’examen de ce fait important.

Enfin, l’un des plus utiles problèmes que nos savans pourront se proposer dans le cours de ces ascensions sera de rechercher s’il n’existerait pas, à certaines hauteurs dans l’atmosphère, des courans constans. On sait que sur certains points du globe il règne pendant toute l’année des courans invariables, qui portent le nom de vents alisés. En prolongeant dans l’atmosphère les expériences aérostatiques, en se familiarisant avec ce séjour nouveau, en étudiant ce domaine encore si peu connu, peut-être arrivera-t-on à trouver, à certaines hauteurs dans l’atmosphère, quelques courans dont la direction soit invariable pendant toute l’année, ou bien encore qui se maintiennent périodiquement à des époques déterminées. La découverte de ces vents alisés ou de ces moussons des régions supérieures serait un fait immense pour l’avenir de la navigation aérienne, car, leur existence une fois constatée et leur direction bien reconnue, il suffirait de placer et de maintenir l’aérostat dans la zone de ces courans pour le voir emporté vers le lieu fixé d’avance. Pour peu que ces moussons fussent multipliées dans l’atmosphère, le problème de la navigation aérienne se trouverait résolu beaucoup mieux que par les combinaisons mécaniques dont nous avons démontré l’impuissance.

En attendant que d’aussi brillans résultats soient obtenus, l’aérostation peut dès ce jour hâter sur plus d’un point le progrès des science : physiques. C’est à elle de prendre pied dans ce domaine trop négligé ; c’est aux savans aussi de mieux comprendre l’avenir promis à l’art, des Pilâtre et des Montgolfier, et de rendre à l’aérostation la place qu’elle doit occuper parmi les plus utiles auxiliaires de l’observation scientifique.


LOUIS FIGUIER.