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la marche verticale, à laquelle les aérostats ont obéi jusqu’ici, une direction oblique ; mais ces mouvemens, provoqués par la résistance de l’air, ne peuvent évidemment s’exécuter que pendant l’ascension ou la descente le mouvement est impossible quand le ballon est en équilibre ou en repos. Il est indispensable, pour provoquer ces effets, d’élever ou de faire descendre le ballon en jetant du lest ou en perdant du gaz ; on n’atteint donc le but désiré qu’en usant peu à peu la cause de son mouvement. Il y a là un vice essentiel qui frappe au premier aperçu. Là n’est pas encore toutefois le défaut radical de ce système ce défaut auquel nous ne savons point de remède, c’est l’absence de tout véritable moteur. Le jeu de bascule que donne l’emploi des châssis pourra bien peut-être imprimer dans un temps calme un mouvement à l’appareil ; mais, pour surmonter la résistance des vents et des courans atmosphériques, il faut évidemment faire intervenir une puissance mécanique. Cet agent fondamental, c’est à peine si M. Petin y a songé, ou du moins les moyens qu’il propose sont tout-à-fait puérils. L’hélice est en définitive le moteur adopté par M. Petin. Or, les hélices ont été essayées bien des fois pour les usages de la navigation aérienne, et toujours sans le moindre succès. Quant à faire fonctionner ces hélices par le moyen des petites turbines qui figurent sur le dessin de l’appareil, cette idée n’est pas discutable. Outre que leurs faibles dimensions sont tout-à-fait hors de proportion avec le volume énorme de la machine, il nous semble douteux que les roues de ces turbines atmosphériques puissent fonctionner seules à l’aide de la résistance de l’air, car elles sont plongées tout entières dans le fluide, condition qui doit s’opposer à leur jeu. D’ailleurs, cet effet fût-il obtenu, il ne pourrait s’exercer que pendant l’ascension ou la descente de l’aérostat, et dès-lors la difficulté dont nous parlions plus haut se présenterait encore, car il faudrait, pour provoquer la marche, jeter du lest ou perdre du gaz, c’est-à-dire user peu à peu le principe même ou la cause du mouvement. L’auteur se tire assez singulièrement d’embarras en disant que l’hélice serait mue dans ce cas par la main des hommes ou par tout autre moyen mécanique ; mais c’est précisément ce moyen mécanique qu’il s’agit de trouver et en cela justement consiste la difficulté qui s’est opposée jusqu’à ce jour à la réalisation de la navigation aérienne.

L’expérience, aussi bien que les raisonnemens théoriques, s’accorde donc à démontrer que le problème de la direction des aérostats demeure sans solution possible avec les moyens mécaniques dont la science dispose aujourd’hui. Il est temps de ramener l’aérostation dans une voie moins stérile. Malgré l’insuccès de quelques ascensions accomplies récemment dans un intérêt purement scientifique, l’aérostation peut, nous le répétons, être utilement employée à l’étude des grandes lois