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mois celle de Sadler, et fut déterminée par l’emploi d’une machine mal construite ; — Olivari, mort près d’Orléans en 1802, après s’être enlevé sur une montgolfière qui avait pris feu à une lieue environ du point de départ. Un autre aéronaute, Mosment, avait coutume de s’élever debout, les pieds reposant sur un plateau très léger qui lui servait de nacelle. Il fit sa dernière ascension à Lille en 1806, et ce fut une perte d’équilibre qui, selon toute apparence, causa sa chute. L’aéronaute Dittorff périt près de Mannheim, en 1812, victime, comme Olivari, de l’emploi des montgolfières. La plupart des chutes aérostatiques doivent être attribuées à l’usage des ballons à feu : elles remontent presque toutes aux premières années de ce siècle. Depuis que l’usage du ballon à gaz a prévalu, la navigation aérienne n’est guère plus dangereuse que la navigation maritime. Si par intervalles quelques événemens funestes viennent grossir le martyrologe de l’aérostation, ils ne sauraient guère s’expliquer que par la témérité ou l’inhabileté des opérateurs. M. Cocking, par exemple, était un amateur anglais qui s’était mis dans la tête de créer un nouveau parachute. M. Green, qu’il avait accompagné dans quelques ascensions, eut le tort d’ajouter foi à sa prétendue découverte et le tort plus grand encore de se prêter à l’expérience. Il était cependant bien facile de comprendre d’avance, que le projet de M. Cocking était tout simplement une folie. Voici en effet la disposition qu’il avait imaginée. Le parachute employé par les aéronautes est un véritable parasol dont la concavité regarde la terre ; en tombant, il pèse sur l’air atmosphérique et repose dès-lors sur un support résistant. M. Cocking prenait le contre-pied de cette disposition : il renversait le parasol dont la concavité regardait le ciel ; c’était un cône renversé, une sorte de vis, c’est-à-dire une disposition merveilleusement choisie pour précipiter la chute au lieu de la retarder. L’événement ne le prouva que trop. Dans une ascension faite au Vauxhall de Londres le 27 septembre 1836, M. Green s’était embarqué tenant M. Cocking et son déplorable appareil suspendus par une corde à la nacelle de son ballon. Parvenu à une hauteur de douze cents mètres, M. Green coupa la corde, et il d’ut considérer avec terreur la chute épouvantable du malheureux qu’il venait de lancer dans l’éternité. En une minute et demie, l’aéronaute fut précipité à terre, d’où on le releva sans vie.

La mort récente d’un autre aéronaute anglais, M. Gale, s’explique de même par une fatale imprudence. C’est exalté par les liqueurs alcooliques et privé du sang-froid si nécessaire au navigateur aérien, que M. Gale a tenté à Bordeaux les périlleux hasards d’une ascension équestre. Victime d’une fausse manœuvre de sa machine, le malheureux Gale s’est vu, après une descente mal dirigée, enlevé de nouveau à travers les airs. L’asphyxie de l’aéronaute et sa chute terrible sont