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Fleurus. Les aérostats furent d’un grand secours pour le succès de cette belle journée, et le général Jourdan n’hésita pas à proclamer l’importance des services qu’il en avait retirés. C’est sur la fin de la bataille que l’aérostat s’éleva d’après l’ordre du général en chef ; il resta plusieurs heures en observation, transmettant sans relâche des notes sur le résultat des opérations de l’ennemi. Pendant la bataille, plusieurs coups de carabine furent tirés sur lui sans l’atteindre. Après cette action décisive, l’aérostat suivit les mouvemens de l’armée, et il prit part aux divers engagemens qui marquèrent la campagne de Belgique.

Après la prise de Bruxelles, Coutelle reçut l’ordre de revenir à Paris pour y organiser une seconde compagnie d’aérostiers. Cette compagnie, promptement levée, fut aussitôt dirigée sur l’armée du Rhin, où les reconnaissances eurent le même succès : elle était conduite parle capitaine L’Homond. Malheureusement, pendant cette campagne, les deux compagnies d’aérostiers fuirent à peu près détruites. Comme il faisait un jour une reconnaissance à Frankenthal, sur les bords du Rhin, Coutelle fut saisi tout d’un coup d’un frisson violent qui fut suivi d’une fièvre grave ; il donna aussitôt à son lieutenant le commandement de la compagnie. Le lieutenant passa le Rhin ; mais, dès le premier jour, ayant commis la faute de maintenir son ballon à une trop faible hauteur, il fut criblé de chevrotines par un parti d’Autrichiens embusqués dans une redoute ; le ballon fut entièrement détruit. Peu de jours après, l’aérostat de la seconde compagnie, commandée par le capitaine L’Homond, eut également à essuyer le feu des Autrichiens. Comme il manoeuvrait devant Francfort, il fut criblé de balles, et la compagnie tout entière des aérostiers fut emmenée prisonnière à Vürtzbourg, en Franconie.

L’aérostation militaire venait de subir de bien graves échecs. Cependant Coutelle ne se découragea pas. Pendant la suspension des hostilités, il fonda, par l’ordre du gouvernement, de concert avec Conté, l’établissement connu sous le nom d’école aérostatique de Meudon, dans lequel des jeunes gens sortis de l’École militaire étaient exercés aux manœuvres aérostatiques.

Outre les localités dont nous venons de parler, on a fait encore usage des aérostats à Bonn (dans le cercle de Cologne), à la Chartreuse de Liège, au siège de Coblentz, au Coq-Rouge, à Kiel et à Strasbourg. On en tira encore un certain parti à Andernach. Bernadotte, qui commandait à Andernach la division de l’armée française, pressé de monter dans le ballon, refusa catégoriquement : « Je préfère le chemin des ânes, » dit tout crûment le futur roi de Suède.

La carrière militaire des aérostats finit avec l’année même où les armées françaises s’en servirent pour la première fois. Bonaparte avait eu, il est vrai, le projet d’employer l’aérostation militaire en Égypte,