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vrais principes de la sculpture, ce parti une fois accepté, le spectateur admire volontiers l’expression énergique et variée des physionomies, Pour nous, la seule chose qui nous importe, c’est de constater que, dans ce bas-relief, rien ne mérite le nom d’ébauche, et qu’ainsi l’exemple de Puget ne peut être invoqué par M. David. La Peste de Milan, comparée aux Batailles d’Austerlitz et de Somo-Sierra, justifie nos conclusions.

M. David tient, parmi les statuaires français, une place à part. Bien qu’il se rattache à l’école de Puget par la manière dont il comprend la réalité, il y aurait cependant de l’injustice à voir en lui un disciple servile. De tous les hommes qui ont laissé dans l’histoire une trace glorieuse de leur passage, Puget est certainement le seul qui puisse le revendiquer comme sien, et pourtant je dois reconnaître que rien, dans les ouvrages de M. David, ne révèle un respect aveugle pour les leçons de son maître. S’il se rapproche du style de la sculpture française au XVIIe siècle, il n’y a dans cette imitation rien qui contrarie la spontanéité de son talent. À proprement parler, M. David, bien qu’il manifeste en toute occasion sa prédilection pour les ouvres de Puget, bien qu’il traite la chair comme l’auteur du Milon, relève directement de la réalité. S’il prête à ce qu’il voit un accent particulier que la réalité ne lui suggère pas, il faut reconnaître cependant que cet accent n’est emprunté à aucune tradition. Après avoir achevé ses études dans l’atelier de Roland, statuaire obscur, qui toutefois n’était pas dépourvu de mérite, il a séjourné plusieurs années en Italie ; il a pu contempler d’un œil attentif toutes les richesses du Vatican et du Capitole, de la tribune de Florence et du musée de Naples. Aucun des trésors de l’antiquité n’a échappé à ses regards ; mais sa prédilection pour Puget a résisté à toutes les épreuves. Rome, Naples, Florence, sont demeurées sans action sur ce goût passionné pour le statuaire de Marseille. Il est revenu d’Italie plus savant sans doute, mais aussi fermement résolu à ne jamais consulter les traditions de l’art antique pour la composition d’un ouvrage, quel qu’il fût. Qu’il s’agisse d’un groupe, d’une figure ou d’un bas-relief, M. David se préoccupe avant tout de la réalité. Parfois la réalité le sert à merveille ; parfois aussi la réalité, interrogée à plusieurs reprises, ne lui fournit aucune donnée vraiment poétique. L’excellence de l’imitation prend alors la place de l’invention, et le charme que nous éprouvons à regarder le marbre palpitant, le marbre qui frémit et qui respire, nous laisse rarement une assez grande liberté d’esprit pour blâmer dans ces œuvres si énergiques, si puissantes, l’absence d’harmonie linéaire. S’il est vrai en effet que l’harmonie linéaire se rencontre dans la réalité, il faut le plus souvent corriger la réalité pour la trouver.

En face de l’école réaliste, qui reconnaît M. David pour son chef,