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LE CHRISTIANISME


REVOLUTIONNAIRE.




I. — L’Enseignement du Peuple, par M. E. Quinet.
II. — Lettres sur le Christianisme et le Socialisme, par M. Pierre Leroux.




Un des caractères les plus saillans et les plus étranges des années qui ont précédé la révolution de février, il faut l’avouer à la confusion de notre frivolité athénienne, c’est une incurie à peu près universelle sur notre véritable état moral, c’est une sécurité trompeuse au milieu des courans d’opinions factices qui se formaient, au milieu des doctrines, des passions et des systèmes qui nouaient autour de nous la plus redoutable conjuration. Il arrivait alors ce qui arrive fréquemment dans les intervalles de repos laissés par les révolutions : c’est que, l’esprit révolutionnaire ayant quitté la rue et désarmant en quelque sorte, on le redoutait moins ; on cessait d’avoir présens ses vices hideux et les extrémités qu’il enfante ; on lui savait presque gré véritablement de ne point tout bouleverser et de se borner à réclamer, avec de gros mots sans doute, mais sans autre violence, la capitulation morale et progressive de la société. L’esprit révolutionnaire n’était point dans nos rues, il est vrai : il prenait pour le moment la figure d’un roman humanitaire, d’une théorie sociale ou de quelque déclamation apocalyptique, quand il n’était pas plus simplement cette vertueuse et taquine opposition, si bien dressée à son rôle d’obstacle permanent et si habile à prédire les catastrophes qu’elle prépare. Sa propagande descendait sous nos yeux dans l’ame du peuple pour aigrir sa misère, enflammer ses convoitises et légitimer ses haines. Il spéculait sur