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ceux-ci se fassent si long-temps attendre ? » Nous avons cité ces phrases pour qu’il soit bien entendu qu’il n’y a là aucune ironie, aucune plaisanterie, et que tout ceci a été écrit sérieusement. Oui, voilà avec quels sentimens M. de Larochejaquelein veut réconcilier le parti orléaniste et le parti légitimiste. Il consent à pardonner après avoir fait une profession de foi de grandeur d’agio et de magnanimité. Que dites-vous de ce procédé conciliant ?

Ce qui blessera encore plus le parti orléaniste que l’étrange amende honorable qu’on veut lui imposer, c’est la manière dont M. de Larochejaquelein prend à partie Mme la duchesse d’Orléans. Nous ne disons rien du procédé qui consiste à vouloir séparer : lime la duchesse d’Orléans du reste de la famille royale, et à lui prêter des sentimens et des opinions autres que ceux du feu roi, autres que ceux des oncles du comte de Paris. L’union de la famille royale fait sa consolation, et rien ne pourra lui enlever cette force. Venons donc, laissant de côté ces mauvaises finesses, venons aux attaques que M. de Larochejaquelein dirige contre Mme la duchesse d’Orléans, et d’abord comment un homme qui a autant de monde que M. de Larochejaquelein peut-il répéter cette vieille sottise tant de fois démentie, et qu’on donnait pour une des maximes d’état de la royauté de juillet, « qu’il faut protestantiser la France pour l’orléaniser ? » Mais, à ce compte, il eût fallu que la famille d’Orléans commençât par se protestantiser elle-même. Or, s’imaginer que les enfans de la reine Amélie puissent être protestans, c’est, pour ne rien dire de plus, une étrange idée. Qui ne se souvient que la première fois que ce dicton fut proféré à la chambre des pairs par un membre éminent du parti légitimiste, M. le duc d’Orléans, présent à la séance, déclara de la manière la plus ferme que ses enfans seraient tous et toujours élevés dans la foi de l’église catholique ? Comment donc M. de Larochejaquelein, qui doit savoir quel est le religieux respect que Mme la duchesse d’Orléans a pour toutes les volontés de son mari, peut-il dire que ce serait le rêve de la princesse protestante de protestantiser la France ? Eh quoi ! si c’est là le rêve de la duchesse d’Orléans, pourquoi donc amener son fils d’Eisenach à Londres pour lui faire faire sa première communion catholique sous les yeux de la pieuse reine Amélie, du roi et de toute la famille royale ?

M. de Larochejaquelein oppose à Mme la duchesse d’Orléans comme un argument triomphant son fameux dilemme : la légitimité ou la république. Selon le droit monarchique, dit-il, M. le comte de Paris n’a pas de titres, et, selon le droit populaire, il a moins de titres encore que la république, parce que la république émane du suffrage universel. Ainsi, M. le comte de Paris ne peut être roi d’aucune manière. Nous ne savons pas quelle destinée la Providence garde à M. le comte de Paris aux autres princes de la maison de Bourbon, au prince Louis-Napoléon, actuellement président de la république, à tous ceux enfin qu’une origine dynastique met, à tort ou à raison, hors de pair avec le reste du peuple ; mais, puisque M. de Larochejaquelein se place dans l’hypothèse de la monarchie rétablie, nous sommes curieux devoir comment il y fait entrer ses passions et ses préjugés. Ainsi, selon M. de Larochejaquelein, la monarchie était rétablie en France et rétablie au profit de M. le comte de Chambord, et que Mme la duchesse d’Orléans n’eût pas, avant l’avènement de M. le comte de Chambord, demandé pardon pour son fils, M le comte de