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VOYAGE


DE PARIS A SAN-FRANCISCO.




SCENES DE MOEURS EN CALIFORNIE.


LES AMERICAINS ET LES FRANCAIS DANS LES PLACERS.




J’ai quitté Southampton le 18 janvier 1850 sur le bateau à vapeur le Tay ; vingt-quatre heures après, nous étions en plein Océan, et le 26 nous touchions à Madère, après avoir passé des brouillards et des frimas de la Manche aux vents tièdes et à la chaude température des mers équatoriales. Chaque coup de roue semblait donner l’impulsion au mercure, qui monta progressivement, de cinq ou six degrés au-dessous de zéro, vingt-cinq ou vingt-huit au-dessus.

Les passagers qui composaient la population du bord offraient un échantillon de toutes les races européennes. Il y avait là beaucoup d’Anglais, — fonctionnaires publics, créoles ou simplement touristes ; des Espagnols qui regagnaient la Havane ou le Mexique ; des Portugais, des Allemands, des Italiens, des Russes et des Français, que la soif des aventures chassait en Amérique. Tous ces passagers, condamnés à vivre ensemble pendant de longues journées où rien ne vient distraire la pensée, semblent ne pas admirer beaucoup les beautés si souvent chantées de l’Océan, des nuits tropicales, des couchers de