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LA


PEAU D'OURS


SOUVENIRS DES BORDS DE LA SABINE.




I

Les Canadiens sont d’infatigables rameurs ; ils ont pénétré dans les parties les plus reculées de l’Amérique, partout où il y a des rivières ou des ruisseaux capables de porter une pirogue. Leur constitution robuste les rendait propres à braver les climats les plus extrêmes ; ils supportaient avec le même courage ou plutôt avec la même indifférence les rigueurs d’un hiver passé aux bords du lac Huron et les chaleurs énervantes de la Basse-Louisiane. Les quatre fleuves qu’ils fréquentaient le plus volontiers étaient le Saint-Laurent, l’Ohio, le Missouri et le Mississipi. La Nouvelle-Orléans attirait un grand nombre de ces rameurs nomades ; ils venaient s’y engager comme matelots au service des caboteurs : on appelait ainsi les marchands qui remontaient sur de grandes barques les rivières de la Louisiane pour aller vendre de tous côtés, et souvent fort loin dans l’intérieur, les pacotilles importées de France et d’Angleterre. Ces colporteurs en grand étaient des Européens, surtout des Français venus en Amérique pour faire fortune ; le cabotage leur offrait un moyen assuré d’arriver à leurs fins.