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LES RECITS


DE


LA MUSE POPULAIRE.




LES HUTTIERS ET LES CABANIERS DU MARAIS.




I. – LE CHASSEUR DE VIPERES./

Il en est des races comme des individus ; le hasard leur donne parfois, dans l’histoire, un rôle subit auquel rien ne semblait les avoir préparés. Des peuples de laboureurs et de bergers deviennent, par rencontre et sans préparation, des armées héroïques, comme le pâtre du village des Grottes devint un Sixte-Quint. De là des contrastes singuliers entre la physionomie historique d’une population et son aspect réel. On est surtout frappé de cette observation quand on traverse la Vendée. En touchant cette terre qui dévora cinq armées républicaines, le voyageur s’attend à trouver une race ardente et batailleuse, labourant le fusil en bandoulière, à la manière des Américains de l’ouest ; à sa grande surprise, il ne voit qu’une population lente, calme, silencieuse, qui semble, comme les attelages de ses bœufs gigantesques, sommeiller dans sa force et n’aspirer qu’au repos.

Cette physionomie est particulièrement celle des anciens Poitevins, aujourd’hui compris dans le département de la Vendée. Si, vers la plaine, des allures plus vives, une gaieté plus avisée, vous rappellent la