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VOYAGE ARCHÉOLOGIQUE EN PERSE.


pire de Perse. J’ajouterai que la composition de ces scènes doit avoir eu pour objet de représenter des cérémonies d’hommages ou d’offrandes adressés soit à l’Être suprême, adoré alors sous la forme du feu, soit à la personne du souverain, qui avait lui-même un caractère religieux. L’analyse des antiquités de Persépolis, complétée par l’étude des mœurs modernes de la Perse, prouve en effet qu’on rendait au roi une espèce de culte dont ces offrandes ou ces hommages étaient l’expression. Tous les individus représentés sur cette série de bas-reliefs portent et semblent offrir différens objets ; quelques-uns conduisent des animaux. Tous sont amenés par les introducteurs officiels, qui ont, comme aujourd’hui encore à la cour du châh, une grande canne à, la main, insigne de leurs fonctions.

Parmi les sujets variés dont se composent ces bas-reliefs, on remarque au premier rang des individus vêtus de tuniques courtes menant un cheval en main, puis d’autres avec une longue robe conduisant une lionne aux mamelles pleines. Les personnages de ces deux groupes sont semblables à ceux qui forment la procession de gauche ; peut-être représentent-ils les deux grandes familles médique et perse marchant à la tête des nations ou peuplades tributaires de l’empire. Les premiers personnages, conduisant un cheval, peuvent être considérés comme les Mèdes ou Parthes, fameux par leur adresse hippique ; les autres, amenant une lionne, désignent les Perses originaires du sud et habitant les montagnes où la tradition conserve le souvenir des lions qui les fréquentaient.

Parmi les autres groupes, on remarque ceux au milieu desquels figurent un bison accompagné d’hommes reconnaissables pour des Indiens à la forme de leurs longs vêtemens, un char attelé de deux chevaux élégamment harnachés, un chameau de la Bactriane à deux bosses, et encore un onagre ou âne sauvage, animal pour lequel les Persans ont une grande estime à cause de son agilité et de sa nature fière et indomptable. Dans ces divers tableaux, qui sont au nombre de dix-neuf, il y a quinze ou seize variétés d’hommes différant par leurs costumes et par les produits de leurs diverses industries.

Jusqu’à présent, on n’a pas été d’accord ou plutôt on ne s’est pas arrêté à une opinion précise sur la nature de la cérémonie que cette longue succession de bas-reliefs et de personnages divers peut représenter. Sur le dire de quelques visiteurs plus ou moins clairvoyans, l’idée s’est accréditée que les murs dont ces sculptures forment la décoration avaient appartenu à des temples. Il y a des voyageurs et des archéologues qui ne veulent jamais voir dans les ruines de l’antiquité autre chose que des restes d’édifices religieux. Sans doute, dans les temps anciens comme au moyen-âge et à notre époque, la religion, quelle qu’ait été son expression, quel qu’ait été son culte, idolâtre,