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VOYAGE ARCHÉOLOGIQUE EN PERSE.


relevée à sa naissance, qui descend le long de ses cuisses jusqu’à terre, pour se terminer par un gros bouquet de poils frisés. Il n’y a pas jusqu’aux parties sexuelles qui ne soient indiquées de manière à ne pas laisser le plus léger doute. Il est vrai que la tête manque ; mais à quel autre animal que le taureau pourraient appartenir ces diverses parties du corps du quadrupède sculpté sur ces deux premiers piliers ? Ce que l’art du sculpteur faisait présumer s’est trouvé d’ailleurs vérifié par la découverte des débris de la tête d’un de ces animaux, enfouie dans la terre près du socle qui le porte. Ces figures, qui ont l’apparence de symboles, sont ornementées d’une façon toute conventionnelle, et, pour en rendre l’effet plus architectural, le sculpteur a couvert de frisures quelques parties de leur corps, telles que le poitrail, le col, les épaules, les flancs, la croupe et les cuisses. Il y a ajouté un collier garni de rosaces.

Les deux autres piliers sont disposés de la même manière, mais les colosses sont très différens. Ceux-ci, avec un corps et des jambes de taureau, ont de grandes ailes, et offrent des poitrails emplumés surmontés d’une tête humaine coiffée d’une large tiare. Leur visage est accompagné d’une forte barbe, et derrière les oreilles retombe une longue chevelure. La tiare est ornée, à sa partie supérieure, de rosaces et de plumes ; sur la partie antérieure, sont figurées trois paires de cornes. Les découvertes faites près de Mossoul, dans le courant des années 1843 et 1844[1], ont révélé les types de ces sculptures étranges. À l’exception de quelques modifications légères, on peut en avoir une idée très complète au moyen des taureaux du musée assyrien au Louvre.

À la partie supérieure de chacun des quatre piliers, sont trois tablettes d’inscriptions de vingt lignes. Le système de caractères cunéiformes qu’on y trouve employé ne semble pas être le même pour les trois. Celui de la tablette de droite, qui paraît le plus compliqué, a beaucoup de rapport avec les briques babyloniennes que l’on connaît, et il se rapproche tellement du système d’écriture découvert sur les bas-reliefs de Ninive, que l’en doit croire qu’il représente la même langue.

La différence entre les deux autres systèmes d’écriture paraît moins grande. Néanmoins elle est assez sensible pour que l’on puisse, à la simple vue, reconnaître deux écritures distinctes. Cette observation, faite également par nos prédécesseurs, autorise à conclure que ces inscriptions sont trilingues, et qu’elles avaient été écrites probablement en langues perse, médique et assyrienne, afin, sans doute, d’être comprises par les individus de ces trois nations, dont les deux dernières étaient alors vassales de la couronne de Perse. On remarque que la

  1. Découvertes de MM. Botta et Flandin à Khorsabad. Voyez les nos du 15 juin et du 1er juillet 1845.