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En 1773, la foire Saint-Clair, qui se tenait, pendant les dernières semaines de juillet, le long de la rue Saint-Victor, réunit plusieurs théâtres de marionnettes. La même année, la foire Saint-Ovide, qui avait eu lieu jusque-là sur la place Vendôme, entre la mi-août et la mi-septembre, fut transférée sur la place Louis XV. Nicolet cadet et ses confrères y donnèrent des jeux de marionnettes. En 1776, cette foire eut beaucoup d’éclat et fut prorogée jusqu’au 9 octobre. Il y eut plusieurs théâtres de marionnettes, entre autres ceux des fantoccini italiens et des fantoccini français ; mais je ne sais rien des pièces qui y furent représentées. L’année suivante, les fantoccini français prirent un nom assez étrange. Je lis cette annonce dans l’Almanach des Spectacles de la Foire. Le sieur Second déclaré qu’il offre cette année (1777) une nouvelle troupe de porenquins ou de fantoccini français[1]. Le nom singulier de porenquins n’a pas fait fortune. Je n’en connais ni le sens ni l’origine. Une chose seulement me parait évidente, c’est que les joueurs de marionnettes cherchaient de plus en plus à déguiser sous des périphrases et à rajeunir de leur mieux leur profession en décadence. C’est ainsi qu’il s’établit en 1793, sous le titre de Théâtre des Pantagoniens, un spectacle de grandes marionnettes très habiles à se transformer. On cite, parmi ces transformations, celle d’un procureur dont les membres s’animaient pour former autant de cliens. Les Pantagôniens jouèrent deux pantomimes, les Métamorphoses d’Arlequin et les Métamorphoses de Marlborough, sur le Théâtre de la République, à la foire Saint-Germain de 1793[2], puis ils allèrent se loger sur le boulevard du Temple.


XI. – MARIONNETTES AU PALAIS-ROYAL. – OMBRES CHINOISES.

Un nouveau lieu de plaisir, une nouvelle foire perpétuelle, plus élégante, plus choisie, plus aristocratique que celle des boulevards, avait commencé vers 1784, à déployer toutes les splendeurs de l’industrie et des arts, pour attirer la foule parisienne, et l’on peut dire européenne. Je veux parler des galeries nouvellement construites du Palais-Royal. Les marionnettes ne manquèrent pas à ce rendez vous de la mode. Dès le 28 octobre 1784, les petits comédiens de M; le comte de Beaujolais (c’étaient de grandes marionnettes) ouvrirent leur spectacle, sous la direction de Garder et de Homel, par trois petites pièces : Momus directeur de spectacle, prologue, — Il y a commencement à tout, proverbe en vaudeville, et Prométhée, pièce ornée de chants et de danses, musique de M. Froment. Ces mêmes petits comédiens représentèrent

  1. Spectacles de la foire, etc., VIe partie, 1778, p. 2.
  2. Annonces et Affiches mars 1793.