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de refaire celui des marionnettes ; il a laissé toutes les pièces de ce genre qu’il possédait confondues dans l’immense suite du théâtre de la foire. Il est de notre devoir de faire cette séparation et de réunir pour la première fois l’ensemble de ce répertoire, qui, pendant plus de quarante ans, s’est constamment associé par la parodie à l’histoire de l’Opéra, de la Comédie-Française, des Italiens et de l’Opéra-Comique.

À la foire Saint-Laurent de 1701, Bertrand, dont la loge était sur la chaussée, en face de la rue de Paradis, fit représenter par ses marionnettes le premier ouvrage dramatique de Fuzelier, Thésée ou la défaite des Amazones, pièce en trois actes, avec un égal nombre d’intermèdes, qui composaient eux-mêmes une pièce épisodique ; les Amours de Tremblotin et de Marinette. Ces trois intermèdes étaient joués (bien qu’en aient dit quelques compilateurs) par des acteurs vivans, puisque ce fut Tamponnet qui créa le rôle de Tremblotin.

En 1705, Fuzelier fit jouer à la foire Saint-Germain son second ouvrage, le Ravissement d’Hélène, ou le Siége et l’embrasement de Troie, grande pièce en trois actes (je transcris l’affiche), qui sera représentée avec tous ses agrémens au jeu des Victoires, par les marionnettes du sieur Alexandre Bertrand, dans le préau de la foire Saint-Germain[1]. » Cette pièce était accompagnée de trois intermèdes qui furent, je crois, comme ceux de la pièce précédente, joués par de vrais acteurs.

Vers cette époque parurent deux nouveaux joueurs de marionnettes, Tiquet et Gillot ; mais je présume qu’ils n’eurent pour répertoire que les petites pièces de marionnettes anonymes qui étaient dans le domaine public, et que l’on jouait dans toutes les foires urbaines et rurales. Je trouve dans les portefeuilles manuscrits de M. de Soleinne un cahier mutilé, qui avait contenu la copie de huit de ces pièces. Les quatre premières, les seules qui restent, sont pleines des fautes les plus grossières, et paraissent n’avoir pu servir qu’à des joueurs de marionnettes et à des joueurs du plus bas étage. Ce cahier est intitulé : Répertoire des petites pièces de Polichinelle, avec dates de 1695 à 1712. Voici les titres de ces huit pièces 1° l’Enlèvement de Proserpine par Pluton, roi des enfers (annoncée en vers, mais en prose mêlée de consonances ; c’est probablement la pièce dont il est parlé dans l’épître d’Antoine Hamilton à la princesse d’Angleterre) ; 2°- Polichinelle Grand-Turc ; 3° le Marchand ridicule ; 4° Polichinelle colin-maillard ; 5° la Noce de Polichinelle et l’accouchement de sa femme ; 6° Polichinelle magicien ; 7° les Cousins de la Cousine ; 8° les Amours de Polichinelle[2]. Les historiens du théâtre n’ont connu que deux de ces petites farces, Polichinelle colin-maillard et le Marchand ridicule. Le Dictionnaire des Théâtres

  1. Imprimée à Paris, chez Chrétien, 1705, in-12.
  2. Théâtre inédit de la foire, collection de M. de Soleinne, n° 3399 du catalogue imprimé. Il n’existe que les titres des quatre dernières pièces ; les feuilles qui contenaient le texte ont été arrachées du cahier.