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grettable contre le chef de l’église, annula toutes les concessions qu’il avait précédemment faites. Il fallut attendre 1815. Le champ fut alors ouvert de nouveau à la propagande catholique. Malheureusement les ressources manquaient. La suppression des ordres religieux chez plusieurs nations européennes avait fermé ces cloîtres et ces écoles où s’étaient si long-temps formées les milices de l’apostolat. Les églises les plus fécondes en missionnaires, et particulièrement l’église de France, semblaient avoir assez à faire de relever chez elles les ruines de la discipline et de la foi : comment fonder au dehors ? De rien, le zèle des âmes pieuses sut créer quelque chose. En 1817, un indult pontifical, provoqué par des prêtres français, établit une association de prières pour l’œuvre des missions. Cette association eut à son origine un but restreint, presque local, et l’on put croire qu’elle n’était pas appelée à de grands développemens ; mais, en 1822, quelques jeunes filles de Lyon se dirent que, s’il était bien de prier ensemble pour le succès de telle ou telle mission, il serait mieux de trouver de nombreux associés, de demander à chacun une petite rétribution, et de fonder une œuvre générale. Le succès couronna leur pieuse pensée, et bientôt l’Œuvre de la propagation de la foi en sortit. Le 3 mai 1822, quelques fidèles réunis au pied de l’autel de Fourvières, à Lyon, donnèrent à cette association sa forme définitive et la placèrent sous la protection de la mère de Dieu.

L’Œuvre de la propagation de la foi a pour but de mettre au service de l’apostolat les ressources de la charité catholique ; elle facilite le départ des missionnaires en payant leur passage, dont la dépense s’élève à un chiffre énorme pour les voyages de long cours ; elle pourvoit à leur entretien ; elle leur fait passer les secours nécessaires à la construction de l’église, de l’école et de l’hôpital ; enfin, elle publie dans ses Annales une partie de leurs lettres, et tient ainsi la catholicité au courant de leurs besoins et de leurs travaux. L’action de l’oeuvre s’étend au monde entier. Partout où il y a des catholiques, elle recueille des aumônes ; partout où un missionnaire peut pénétrer, elle envoie des secours. Ses recettes s’élèvent à environ 3 millions par an. La France figure dans ce total pour près des deux tiers ; celui de nos diocèses qui donne le plus est le diocèse de Lyon, Nantes vient ensuite ; Paris n’a que la troisième place. Pris dans leur ensemble et relativement au chiffre général de la population, ce sont les départemens de l’ouest qui l’emportent par le nombre des souscripteurs. Après la France, l’état européen où l’œuvre a le plus d’extension est le Piémont, en y comprenant Gênes, l’île de Sardaigne et la Savoie, c’est-à-dire l’ensemble des états sardes. La Belgique arrive ensuite, mais avec une très faible supériorité sur la Prusse. Grace à l’Irlande, que sa profonde misère n’empêche pas de contribuer par ses aumônes