Page:Revue des Deux Mondes - 1850 - tome 6.djvu/977

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fois deux coudées de haut ; mais ni lui ni aucun autre écrivain ne nous apprend qu’elles eussent les membres articulés et mobiles. M. Wilkinson, dans son histoire des mœurs et des coutumes de l’Égypte ancienne et moderne, a fait graver trois de ces statuettes, et les collections d’antiquités égyptiennes en contiennent un assez grand nombre qui n’offrent aucune apparence de mobilité[1]. Cependant d’autres monumens nous inspirent sur ce point quelque doute. Le même égyptiographe a publié les dessins de ce qu’il appelle deux poupées, qu’il a copiées dans la collection égyptienne du British Museum[2]. Ces deux figures de femme, peintes et comme enveloppées de bandelettes, peuvent avoir eu une destination conviviale. Cependant, dans ces deux statuettes et dans deux autres tout-à-fait semblables, dont l’une a été copiée dans le cabinet du docteur Abbott au Caire[3] et l’autre existe dans le musée du Louvre, le haut des bras est détaché du corps et semble avoir pu recevoir des avant-bras articulés. Une des figurines publiées par M. Wilkinson et celle qui appartient au Louvre sont acéphales, et, ce qui est bien remarquable, elles ont à la place du cou une sorte de pivot, qui semble avoir dû recevoir une tête mobile.

On ne peut douter que les Égyptiens n’aient amusé, comme nous, leurs enfans avec des pantins, des animaux et des machines à ressorts. Le Musée possède une petite barque égyptienne, montée par huit mariniers ; deux sont debout, l’un à l’avant, l’autre à l’arrière ; les six autres, assis de chaque côté de la barque, tiennent chacun un aviron des deux mains ; les six rameurs ont les bras mobiles[4]. La même collection renferme plusieurs jouets de bois, trouvés dans les tombeaux de Thèbes et de Memphis, et dont N. Mariette, attaché à l’administration du Musée, a eu l’obligeance de mettre les dessins sous mes yeux. Ces joujoux sont d’un travail fort grossier. Deux représentent ou ont la prétention de représenter des femmes nues. Les têtes, tout aussi informes que les membres, offrent le type égyptien le plus prononcé. Les bras sont articulés aux épaules par une cheville. Deux autres joujoux représentent, tant bien que mal, des hommes occupés de travaux manuels. L’un est accroupi, le bras gauche adhérent au corps, le droit chevillé à l’épaule et tenant une sorte de couperet qu’un fil pouvait mettre en mouvement. L’autre ouvrier a les deux bras mobiles et démesurément longs ; il les tient appuyés sur un objet demi-sphérique,

  1. Voy. Manners and Customs of the ancient Egyptians, London, 1837, t. II, p. 410.
  2. J.-G. Wilkinson, ibid., p. 426.
  3. . Ce petit monument a été publié d’abord par M. Prisse et ensuite dans la Revue archéologique de M. Leleu, t. II, p. 742.
  4. Cette barque a 80 centimètres de long, et les figures qui sont debout ont chacune vingt-cinq centimètres de haut.