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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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31 mai 1850.

Eh bien ! ce parti modéré qui s’engourdissait, disait-on, dans l’insouciance on dans la peur en attendant la mort, qui ne savait prendre aucune résolution énergique et forte, qui se consumait dans de misérables petites dissensions (et nous avons peut-être nous-mêmes répété quelques-uns de ces reproches), que dites-vous maintenant de sa fermeté d’allure et de la hardiesse de ses résolutions ? Il n’a pas hésité à attaquer le mal dont nous périssions, et à l’attaquer où il était, c’est-à-dire dans les abus du suffrage universel. Il a proposé la loi, et la discussion qu’il a soutenue n’a pas seulement été une des plus belles que le parti modéré ait soutenues depuis deux ans ; ç’a été une politique toute nouvelle qui s’est trouvée inaugurée, politique heureusement appropriée aux circonstances, et la seule qui puisse nous sauver. Au lieu de se neutraliser les uns par les autres et de s’imposer l’inaction, les divers partis qui forment le grand parti modéré se sont unis pour marcher résolûment contre l’ennemi. Dès ce moment, plus de tiraillemens, plus de zizanies, plus d’incertitudes et d’appréhensions ; tout s’est fait avec un ensemble admirable. Dès ce moment aussi, l’accord entre la majorité de l’assemblée et le président de la république est devenu plus étroit que jamais. Ce qui nuisait en effet à cet accord, c’est que le président de la république ne trouvait pas la majorité assez décidée à l’action, et qu’il sentait bien que l’action pouvait seule sauver la société. Peut-être le président de la république, qui comprenait bien ce que demandaient les circonstances, ne tenait-il pas assez de compte de la difficulté d’unir dans une œuvre commune des partis très différens. La solution du problème était de trouver quelque chose à faire qui ne contrariât l’avenir de personne et qui servît le présent de tout le monde. La réforme du suffrage universel a ce caractère ; elle est bonne à tous les partis qui renferment leurs espérances dans l’ordre social actuel.