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ni à la sédition. L’une et l’autre sont donc obligées d’aller chercher le mauvais peuple, le faux peuple : l’une pour l’enflammer avec ses brandons de discorde, l’autre pour l’accoutrer des oripeaux de sa faconde, et voilà comment l’alliance se conclut, comment Olympio s’habille en carmagnole, mais, ne l’oublions pas, en carmagnole de pourpre et non point de bure, car autrement il ne serait plus Olympio.


Je me serai fait bien mal comprendre, si le lecteur ne commence pas à reconnaître qu’il y a toujours eu beaucoup plus de procédé littéraire que de réflexion, de malignité politique dans les biais contradictoires où la vie publique de M. Hugo s’est aventurée. À l’inverse de M. Hugo, qui consent à passer l’éponge sur ses opinions d’enfant, je me souviens que son enfance fut proclamée sublime, et j’en respecte tout. Je ne crains donc pas de dire que l’enfant contenait déjà l’homme, et son éclatante virilité ne me paraît pas avoir modifié très gravement la direction dans laquelle son jeune âge appréciait les choses de l’état. M. Victor Hugo nous affirme aujourd’hui, que ces appréciations n’étaient que des puérilités. C’est une modestie de bon goût quand on a de la gloire de reste ; mais je ne vois vraiment pas ce qui peut l’induire à ravaler ses appréciations d’autrefois si fort au-dessous de celles d’à présent. J’y trouve, en effet, à toutes les époques, même règle et même méthode ; elles partent d’un même esprit et résultent d’une inclination psychologique qui ne s’est pas un seul instant démentie. M. Victor Hugo a été, comme il nous le dit lui-même, « à dix-sept ans, stuartiste, jacobite et cavalier ; » il a été plus tard quelque peu républicain, sans trop cesser d’être carliste ; il est devenu, avec le temps, un des orléanistes les plus pieux dont nous ayons gardé la mémoire ; avec le temps encore, le voici socialiste. À juger sur l’apparence, il y aurait là bien des brisures dans sa ligne ; la vérité est pourtant qu’il n’y a pas de ligne : plus une et plus droite au milieu de ses variations. C’est qu’en somme M. Hugo n’a jamais été d’aucune des opinions qu’il célébrait ; il s’est contenté de planer au-dessus de toutes, comme l’aigle au-dessus de sa proie, ne descendant jamais nulle part que lorsque son regard avait saisi un motif de déclamation et remontant aussitôt dans sa nue avec son butin. Soit dit entre parenthèses, je désirerais qu’on ne m’attribuât point cette comparaison : « Les ailes et les yeux, imprimait une fois l’auteur de Tragaldabas, l’aigle est complet. »

Olympio n’est donc ni socialiste, ni républicain, ni royaliste ; il est Olympio, vous dis-je, et c’est assez. Son opinion, je me trompe, sa religion, c’est le culte de toutes les manifestations par lesquelles il peut se révéler son génie. Il n’a jamais eu qu’une recette pour s’apparaître ainsi à son avantage : il a déclamé, il déclame. Lui reprocher la diversité des sujets qu’il traite, c’est lui faire une chicane de mauvaise