les moyens de la combattre, je les lui montrerai et les lui mettrai entre les mains… Nous ferons voir à ces marchands ce qu’est la rébellion contre un maître qui peut dire : Io el rey, aussi bien que Philippe II… La guerre commence entre moi et maître Jean de Oldbarneveld, et nous combattrons jusqu’à ce que l’un de nous deux reste sur le carreau ; ceux que nous servons nous fourniront des armes et savoureront la joie du triomphe, mais ils ne devineront pas d’où le coup sera parti… Amsterdam tremblera pour son commerce ; Rotterdam baissera la tête en frémissant pour éviter le coup qui la menace ; la Zélande, qui peut être atteinte dans ses ports, entrera dans une alliance qui satisfait sa jalousie contre la Hollande… Alors Barneveld et son parti seront affaiblis et abaissés, ses provinces n’auront plus la voix si haute parmi les provinces de l’union, ses créatures ne parleront pas si fièrement dans les états-généraux et dans ceux de la province ; l’égalité sera reconnue ; Utrecht lèvera encore quelque temps la tête, et pâlira ; milord lui retirera la souveraineté. Mais ils sont encore trop puissans, Barneveld et les siens. Au reste, j’ai déjà beaucoup à leur opposer les forces anglaises sont réunies et concentrées dans la cité et la province d’Utrecht… Dans la ville, tout est à milord et à moi, car j’ai prévu cette heure, et je l’ai préparée.
Ici Reingoud énumère les partisans qu’il a gagnés, et il ajoute : — Telles sont mes forces, elles entourent milord. Un seul parmi les Anglais pourrait me tenir tête : sir Philippe Sidney ; mais nous lui mettrons bientôt les armes à la main. Le chancelier ne sera pas toujours mon instrument, et il pourrait être mon adversaire ; mais deux causes lui ôtent tout pouvoir sur l’esprit de milord : il inspire le respect, et il cloche en matière d’orthodoxie religieuse. Dans le conseil d’état, les partisans de la Hollande sont en minorité ; des autres, on peut faire d’aveugles instrumens. J’ai là Meetkerke, qui est un homme honorable et mon ami, et auquel je permettrai de se pousser dans la faveur de milord autant qu’il lui plaira ; Paul Buis, qui devra choisir entre rompre ou plier, et vous, dont j’attends de très bons services…
— De moi ? dit Daniel stupéfait.
— Certainement. Croyez-vous que je n’aie pas besoin de vous ailleurs que dans le cabinet ? Et maintenant que vous voyez de quelle force je dispose et ce que je compte en faire, voulez-vous y joindre votre appui ou vous ranger de l’autre côté ? Vous appartenez au parti dont je suis le chef ; les prédicans de La Haye vous estiment, et les Hollandais vous détestent : deux motifs de faveur auprès de moi. Milord m’a parlé de votre capacité ; j’y crois, et je veux la mettre à l’épreuve, mais à une condition : je ne suis pas seulement le bras de mon parti, je n’en suis pas seulement la tête, je veux en être l’ame et le maître ! Il faut qu’il ne respire que de mon souffle, ne vive que de