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Le prince de Wallerstein disait encore : « Le gouvernement bavarois persiste-t-il toujours dans la conviction solennellement exprimée par lui que la constitution fédérale ancienne ne pouvait pas être rétablie, attendu que le peuple n’en voulait plus, et demandait une constitution unitaire avec une chambre des états et une chambre du peuple ? » Le gouvernement bavarois est peut-être embarrassé pour dire que cette conviction solennelle est déjà de l’année ou du mois passé, et que, depuis deux ans, tout le monde en Allemagne a eu tous les mois des convictions solennelles différentes. Il y a deux mois, et quand le gouvernement bavarois, sous les auspices de l’Autriche, faisait un traité avec le Wurtemberg et la Saxe pour s’entendre sur les affaires de l’Allemagne, il était encore question, dans ce traité, d’un parlement germanique, c’est-à-dire d’une représentation populaire et élective de l’unité de l’Allemagne. Aujourd’hui, l’ajournement du parlement d’Erfurth a emporté les derniers restes du prestige que pouvait encore garder cette opinion auprès des princes de l’Allemagne, et la représentation princière ou diplomatique de l’unité de l’Allemagne est la seule chose qui soit de mise. C’est un retour complet à 1815.

Nous disions, il y a quinze jours, que la lutte en Allemagne était entre 1815 et 1848, et nous montrions que toutes les chances étaient pour 1815. Aujourd’hui que le parlement d’Erfurth est ajourné, la lutte est finie, et c’est 1815 qui l’emporte. Mais 1815, disions-nous encore, prétend aujourd’hui être libéral : il y a donc une question encore à décider. Puisque 1815 l’a emporté, et que sous les auspices de l’Autriche une diète va se réunir à Francfort pour délibérer sur les affaires de l’Allemagne, que fera cette diète ? quelle part fera-t-elle au libéralisme et à l’unitarisme allemands ? 1815 enfin prétendra-t-il revivre purement et simplement, ou prendra-t-il une nouvelle forme ?

Les affaires de Grèce ont eu un mauvais dénoûment. Les bons offices que la France avait offerts, et que l’Angleterre avait acceptés, n’ont pas produit l’effet que la Grèce et l’Europe en attendaient. M. Gros n’a pas pu faire entendre raison aux terribles huissiers de don Pacifico ; ils se sont obstinés à faire valoir une créance impossible, et les douze ou treize vaisseaux de ligne de l’amiral Parker ont réussi à faire payer la bassinoire du juif portugais. Les Grecs appellent cela la victoire de Salamine de l’Angleterre. Nous ne voulons pas discuter en ce moment tous les détails de cette affaire ; nous attendons les explications que le gouvernement français doit donner. Il lui importe de montrer que la négociation qu’il avait entreprise à Athènes n’avait été entreprise qu’avec une suffisante vraisemblance de succès et après les espérances que Londres avait fait concevoir ; il lui importe de prouver qu’il n’a pas risqué témérairement l’intervention officieuse de la France. Maintenant que, par un procédé renouvelé de 1840, lord Palmerston se soit montré à Londres engageant et affectueux envers la France, tandis qu’il encourageait ses agens d’Orient à être difficultueux et inflexibles ; qu’à Londres, où il n’agit que sous le contrôle et avec le concert du cabinet dont il fait partie, lord Palmerston soit bienveillant et conciliant, tandis qu’en Orient, où il agit seul et où ses agens ne connaissent que les ordres qu’il leur adresse, il soit impérieux, hautain et prompt à saisir toutes les occasions de faire échec à la France et de la discréditer, tout cela est possible ; mais nous pensons qu’il sera de bonne guerre que le cabinet français mette en évidence tout cela, et qu’il fasse voir à tout le monde et à l’Angleterre surtout la différence - et, disons-le,