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général et des chambres consultatives d’agriculture, par M. Talon. Sur chacun de ces sujets si divers, à l’exception d’un seul, les opinions qui ont triomphé dans le conseil nous ont paru des plus saines. Nous avons surtout remarqué la discussion sur la police rurale. Dans une préoccupation excessive des droits du pouvoir municipal, le congrès central d’agriculture, dont la session a précédé celle du conseil général, avait émis un vœu opposé à l’embrigadement des gardes champêtres. Le principe de l’embrigadement l’a emporté, au contraire, dans le conseil général, et avec toute raison. La répression des délits ruraux n’est pas un fait municipal, c’est un fait d’ordre public ; au fond, la distinction qui sépare les délits ruraux des délits ordinaires est arbitraire, car les uns et les autres sont également des atteintes à la propriété, et appellent en principe la même répression.

La discussion sur la composition des chambres consultatives est la seule qui ait donné lieu, à notre avis du moins, à un vote fâcheux, notamment en ce qui concerne l’organisation des chambres consultatives d’agriculture. On sait que ces chambres n’existent pas aujourd’hui : il s’agissait d’indiquer comment elle pourraient être constituées. Le conseil a décidé qu’il y aurait une chambre consultative par département, que cette chambre se composerait d’un membre par canton, et que ce membre serait élu par ce qu’on a appelé les électeurs agricoles. Qui ne voit qu’une pareille organisation n’aboutirait à rien moins qu’à établir un second conseil général par département ? Une élection de plus dans les campagnes, quand les électeurs ruraux, tiraillés dans tous les sens par les partis politiques, ne savent déjà plus qui entendre, aurait déjà par elle-même d’assez graves inconvéniens. Que sera-ce quand il s’agira d’élever au chef-lieu une sorte de tribune rivale de celle du conseil général ? Les candidats battus dans les élections pour le conseil général se retourneront immédiatement vers les chambres consultatives, et, au lieu d’élections agricoles, on aura ce qu’on appelle des élections politiques, c’est-à-dire le contraire de ce qu’on veut. Cette proposition est tout simplement anarchique ; elle ne peut être qu’une erreur du conseil, et nous espérons bien que le venu émis ne recevra pas d’exécution. Après l’avoir voté, le conseil général lui-même a essayé d’en atténuer la portée par des exceptions évidemment contraires au principe.

Nous préférons une autre décision qui a été prise dans la même séance, et qui soulève pourtant d’assez graves objections. Il s’agissait de savoir si le conseil supérieur permanent qui existe de nom au ministère du commerce, et dont l’origine remonte jusqu’à Colbert, serait conservé ou supprimé. Le conseil général a voté la suppression, et, somme toute, il a bien fait. Considérée en elle-même, l’institution d’un conseil permanent est excellente : en Prusse, en Angleterre, en