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et boire plus de vin. C’est ainsi que, dans tous les temps et dans tous les pays, la diminution sur le prix d’une denrée a toujours profité à tout le monde, même à ceux qui paraissent le plus loin d’y être intéressés. Si, par la réduction des droits sur le sucre et sur le café, les pays à sucre de betterave voient s’accroître leur richesse, et les ports leur mouvement maritime, on peut affirmer d’avance sans se tromper que la consommation du vin y gagnera plus qu’elle ne perdra par la concurrence que peut lui faire l’usage plus général du café.

La quatrième question de douanes soumise au conseil général était relative au droit actuellement perçu à la sortie de France sur les soies grèges et moulinées. Dans l’intérêt de nos fabriques de soieries, pour maintenir les prix de la matière première au taux le plus bas et pour éviter en même temps de donner aux fabriques étrangères les moyens de faire concurrence aux nôtres, on avait frappé d’un droit à la sortie les soies françaises. Le représentant d’un département producteur de soie, M. Meynadier, a fait ressortir dans un discours fort habile ce qu’un pareil système avait de contraire à nos sériciculteurs. Malgré les insistances opposées de la fabrique de Lyon, malgré les sinistres prévisions des désordres qu’un ralentissement dans la fabrication pourrait soulever dans cette ville immense, si souvent et si cruellement agitée, le conseil général a voté la suppression du droit. Encore un coup, un congrès d’économistes n’aurait pas agi autrement. À l’avenir, si l’assemblée nationale confirme le vote du conseil, les producteurs français pourront vendre librement leur soie aux Anglais, aux Sardes, aux Suisses, aux Allemands. Les fabriques de Lyon et de Saint-Etienne en souffriront-elles sérieusement ? Nous ne le croyons pas. Dans tous les cas, le gouvernement fera bien de n’accorder la libre sortie de nos soies par la frontière du Piémont qu’autant que le gouvernement sarde aura de son côté levé le droit analogue de sortie qui frappe les soies piémontaises à leur entrée en France ; la fabrique gagnerait ainsi d’un côté ce qu’elle perdrait de l’autre.

Enfin, la dernière question douanière agitée par le conseil portait sur le droit perçu à l’entrée des bestiaux étrangers par la frontière de l’est. Le gouvernement proposait de réduire ce droit en prenant pour base de la perception le tarif au poids au lieu du tarif par tête, et en adoptant un droit réduit pour les animaux pesant au-dessous de 400 kilogrammes. Ce principe, analogue à celui qui a été posé il y a quelques années dans le traité avec la Sardaigne, a été admis par le conseil général, malgré les efforts de la commission, qui insistait énergiquement pour la conservation du régime actuel. Le gouvernement avait compromis le succès de sa proposition par un exposé des motifs où il présentait sur l’état (le la production du bétail en France des documens évidemment erronés. C’est à ces documens que la