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sont les Juifs qui s’occupent de ces lavages clandestins, dont le produit annuel peut être estimé à 300 oks d’or pur (environ 380 kilogrammes.) Craignant de confier au commerce intérieur des lingots dont on découvrirait l’origine illégale, les fraudeurs leur trouvent un débouché certain, en les introduisant furtivement par la frontière autrichienne dans la Transylvanie, où ils les vendent aux Bohémiens de cette contrée. Les Bohémiens (Zigaener), connus aussi sous le nom de Neubauern, exploitent avec l’autorisation du gouvernement autrichien les sables aurifères qui se trouvent dans différentes localités de cette province, et, comme ils sont tenus de livrer le produit de leur industrie aux autorités locales en raison d’un taux convenu, l’or acheté aux Juifs fraudeurs de la Turquie est versé entre les mains des agens du gouvernement autrichien sous le titre de produit des lavages de Transylvanie.

Au nombre des richesses minérales de l’Asie Mineure, il faut compter, outre l’or, l’argent, le cuivre et le plomb, le sel et le charbon de terre. La production saline de l’Asie Mineure porte sur trois qualités de sel : le sel gemme, le sel lacustre et le sel marin. Les dépôts de sel gemme les plus considérables se trouvent dans la partie du bassin du Kizil-Ermak comprise entre Kalédjik et Osmandjik, et ils y sont l’objet d’une exploitation qui pourrait devenir infiniment plus lucrative, si les voies de communication ne faisaient complètement défaut aux producteurs. Le sel lacustre forme des dépôts très riches, non-seulement dans le grand lac de Tuzgol (près de la ville de Kotchissar), qui a 30 kilomètres de circonférence et n’est composé que d’une immense masse de sel cristallin, mais encore dans les lacs nombreux qui étendent sur tout le pachalik de Sivas une sorte de réseau. Le -sel marin enfin est exploité par l’évaporation de l’eau de mer sur toute la côte occidentale de l’Asie Mineure.

Le charbon de terre de formation carbonifère n’existe point en Asie Mineure. On n’y connaît, du moins jusqu’à présent, ce précieux combustible que par des échantillons de lignite, soit tertiaire, soit secondaire. Les dépôts les plus considérables de lignite forment une bande très allongée, mais étroite, le long du littoral septentrional de l’Asie Mineure depuis Érégli jusqu’à Inéboli ; cette bande, qui a environ 150 kilomètres de long sur 10 de large, n’est probablement que l’effleurement local d’un vaste dépôt de lignite qui, interrompu çà et là par des éruptions trachytiques, continue à border le littoral jusqu’à la frontière russe. Les dépôts qui se trouvent entre Érégli et Amassera défraient la plus grande et la plus productive exploitation de charbon de terre dont l’Asie Mineure soit aujourd’hui le théâtre. Le charbon de terre de l’Anatolie, sans pouvoir être comparé à la bouille proprement dite, surtout à la houille anglaise, n’en est pas moins d’une grande importance industrielle et peut être employé avec avantage