ottoman pour reconnaître qu’au point de vue de la production métallurgique, la première place est due entre toutes les provinces turques, à l’Anatolie. Il est même permis d’assurer que cette péninsule est, à l’exception toutefois de la Roumélie, qui est très riche en mines de fer, la source presque unique de toutes les richesses métalliques de la Turquie. Ni la Syrie ni l’Égypte n’offrent jusqu’à présent aucun contingent de quelque importance et celui que fournissent les provinces de la Turquie d’Europe est bien inférieur à la production de l’Asie Mineure, car la mine la plus importante de la Roumélie, celle de Iskup-Madène ou Karatova, ne donne annuellement que 4,000 oks de plomb et 60 oks d’argent. Les mines de Sidéré-Kapsé (près du mont Athos) et de Senguel sont complètement abandonnées, ce qui, au reste, ne prouve que contre l’incapacité des mineurs turcs[1]. Néanmoins, en admettant même que ces mines fussent convenablement exploitées, la supériorité comme pays producteur resterait encore acquise à l’Anatolie.
On a beaucoup parlé des sables aurifères de l’Asie Mineure, et on sait quelle est à cet égard la classique réputation du Pactole. Cette rivière, qui baigne la colline couronnée par les ruines de la fameuse Sardès, est presque constamment à sec pendant l’été, et je n’y trouvai qu’un petit filet d’eau au mois de septembre ; quelques lavages, à la vérité superficiels, ne m’y ont donné que des traces à peine appréciables d’or. Je n’en ai trouvé dans aucune des rivières de l’Asie Mineure, en sorte que l’Égypte et la Roumélie sont les seules provinces de l’empire ottoman où la présence des sables aurifères soit certaine, sans cependant être devenue encore l’objet d’aucune exploitation lucrative. En Roumélie, à une distance de sept heures de marche au nord-ouest de Salonique, on voit des alluvions aurifères occupant une surface non interrompue de 48 milles géographiques ; on observe aussi de semblables dépôts près du village Nigrita, situé à quatre heures de Serès ; ces dépôts s’étendent de là jusqu’à Nevrokop ; en soumettant au lavage les dépôts des vallées arrosées par le Karasou (l’ancien Strymon), je les ai presque tous trouvés plus ou moins aurifères, et les habitans de ces parages m’ont même assuré qu’on y recueillait quelquefois des pépites. Bien que tous ces dépôts eussent pu devenir parfaitement exploitables entre les mains des Européens, le gouvernement turc les laisse intacts, sans se douter même qu’ils sont l’objet d’une exploitation secrète qui prive le fisc des avantages qu’il pourrait recueillir de la perception légitime des droits. Cette exploitation frauduleuse est soigneusement soustraite à la connaissance du gouvernement ottoman. Ce
- ↑ La mine de Sidéré-Kapsé, dont le minerai consiste en galène argentifère fort riche, pourrait notamment devenir, entre les mains des Européens, très productive.