La région montagneuse comprend les parties occidentale, septentrionale et méridionale de l’Asie Mineure. C’est surtout dans la partie méridionale que se développe l’imposante chaîne du Taurus, dont les ramifications infinies traversent la Perse et atteignent jusqu’aux mystérieuses contrées de l’Asie centrale. La région montagneuse est la plus belle et la plus riche portion de l’Asie Mineure. Dans la région des plateaux, dans les plaines d’Isbarta, de Konia, de Kaïsaria, par exemple, c’est la culture des céréales qui domine : dans la région montagneuse, à la culture des céréales il faut ajouter la culture de toutes les richesses végétales du midi de l’Europe. À côté de hautes montagnes, cette région présente des surfaces planes assez étendues ; nous citerons, par exemple, les belles et fertiles plaines de Mohalitch, les bords des lacs d’Apollonia et de Nicée. Il y a aussi dans la région des montagnes de vastes et profondes vallées dont quelques-unes deviendront un jour les grandes artères commerciales et industrielles de l’Asie Mineure. La vallée du Kizil-Ermak, celle du Yéchil-Ermak, celle d’Ermenek, celles du Méandre, du Caïstre et de l’Hermus, tiennent le premier rang parmi ces territoires privilégiés.
La vallée du Kizil-Ermak (l’ancien Halys) commence à peu près dans les environs du village Kalédchuk, au nord-est d’Angora ; elle suit la belle rivière du Kizil-Ermak dans toutes ses sinuosités capricieuses, et s’étend jusqu’à l’embouchure de ce cours d’eau dans la mer Noire ; elle a plus de quarante-cinq milles géographiques de long.
La vallée qui borde le Yéchil-Irmak (l’ancien Iris), et qui depuis Tokat jusqu’à l’embouchure de cette rivière dans le Pont-Euxin a plus de vingt-cinq milles géographiques de long, cette vallée se prête également à la culture des céréales et à l’élève du ver à soie. La ville seule d’Amasia produit plus de 20,000 oks[1] de soie. Presque toute la soie produite par cette ville est exportée en Suisse par l’intermédiaire de l’agent d’une maison de Zurich, qui est établi à cet effet à Amasia, et y réalise d’immenses bénéfices. La production des céréales est plus considérable encore que la production de la soie dans la vallée du Yéchil-Ermak, car les deux provinces d’Amasia et de Tchorum, traversées par cette vallée, donnent à elles seule annuellement 70,000,000 oks[2] de blé, dont une partie fort considérable est exportée en Europe. Le montant de cette production aurait pu être facilement décuplé, si toute l’étendue des terres susceptibles de culture était effectivement exploitée ; alors les deux provinces d’Amasia et de Tchorum, avec le concours de quelques provinces également fertiles, pourraient faire de l’Asie Mineure le véritable grenier de l’Europe, et créer dans les nombreux ports de