Page:Revue des Deux Mondes - 1850 - tome 6.djvu/692

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

constitutionnel, leur concours à la fraction de la majorité qui, après ne l’avoir cédé à aucune autre en injustice et en violence, s’efforçait d’offrir à la patrie la seule expiation qu’elle accepte pour les erreurs politiques, celle d’une résistance courageuse, quoique tardive. L’abstention systématique du côté droit donna en plusieurs circonstances la majorité aux jacobins. L’attitude de ce côté de l’assemblée fit prévaloir l’exclusion des membres de la constituante du sein de la prochaine assemblée législative, et fit ainsi perdre à la France le bénéfice de généreux repentirs et d’expériences chèrement acquises. Les serviteurs dévoués de la monarchie, les amis consternés de la religion, crurent qu’il n’y avait rien de pis à attendre pour l’une que l’abdication pour l’autre que l’asservissement. Ils défièrent l’avenir de dépasser la mesure des iniquités consommées : dangereux défi qu’il ne faut jamais adresser aux révolutions.

L’inéligibilité prononcée contre les membres de la constituante fut un grand malheur sans nul doute, car elle ne contribua pas peu à précipiter la crise : il est juste que le côté droit en porte la responsabilité devant l’histoire ; mais le parti feuillant ne devait-il pas s’imputer l’isolement où le reléguaient, au jour décisif de sa carrière politique, des adversaires qu’il avait combattus pendant deux années avec une injustice manifeste et un acharnement sans égal ? Ce parti, où tant de jalousies et de susceptibilités froissées donnaient aux passions politiques toute l’âpreté de ressentimens personnels, n’avait-il pas épuisé contre les monarchiens de toutes les nuances, depuis les royalistes purs jusqu’aux partisans des deux chambres, depuis Cazalès et Maury jusqu’à Mounier et à Malouet, le vocabulaire de toutes les injures, l’arsenal de toutes les calomnies ? Faut-il s’étonner si de telles blessures avaient laissé des traces profondes, et s’il ne fut pas répondu à l’appel in extremis adressé par les feuillans aux hommes dont ils s’étaient si long-temps complu à froisser les intérêts et à torturer la conscience ? En politique, les premiers torts engendrent ceux qui les suivent, et les partis ne répondent pas moins des fautes qu’ils ont provoquées que de celles qu’ils ont commises.

Ce fut surtout en séparant à jamais le roi de la révolution, en modifiant profondément les idées et les vues politiques de Louis XVI, que les mesures relatives à la constitution d’une église nationale firent naître pour le parti qui les avait provoquées des éventualités entièrement nouvelles. Si ce prince avait peu de foi dans l’œuvre des constituans, il n’éprouva d’abord pour elle que peu de répugnance. Aucun prince n’attachait moins de prix aux prérogatives de sa couronne, et sa timidité naturelle lui faisait s’en remettre au temps du soin de modifier le cours d’idées qu’il reconnaissait irrésistibles. Depuis le jour de son établissement aux Tuileries après le 6 octobre jusqu’à la fin de