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LA


RUSSIE ET LE SLAVISME.




I. — Les Slaves, par M. Mickiewicz, 5 vol. ; Paris.

I. — Études sur la Situation intérieure, la Vie nationale et les institutions morales de la Russie, par le baron de Haxthausen, 2 vol. ; Hanovre.
III.- Le Rêve de Césara, — La Comédie infernale, par le poète anonyme de la Pologne, Revue des Deux Mondes du 1er’ août et du 1er octobre 1846.

IV. — Venceslas, poème, par Garczinski.




Lorsque l’on envisage de près la marche de la politique russe, on est frappé de l’action d’une force mystérieuse qui l’entrave et la gêne au dedans et au dehors jusque dans ses allures les plus fières. Deux pensées très distinctes agissent sur les résolutions du cabinet de Saint-Pétersbourg. Tantôt on le voit se lancer de tout son essor dans les affaires de l’Occident, et alors il semble ne rien avoir tant à cœur que de s’assimiler la civilisation qu’il y rencontre ; tantôt, replié sur lui-même, il semble au contraire dédaigner cette civilisation et poursuivre un but tout opposé. De là les tiraillemens dont l’Europe ne se rend pas bien compte, et qui se reproduisent à chaque page de l’histoire de la Russie moderne. C’est la lutte de l’esprit national contre l’esprit étranger. On le sait, la Russie n’est point exactement dans la voie des traditions slaves telles que la science se les représente à travers l’obscurité des temps, et telles que nous les voyons encore pratiquées en quelques endroits privilégiés du sol slave. La souveraineté suprême s’est formée en Russie sous l’influence de l’idée asiatique émanée de l’invasion de Gengiskan et du long séjour des Mongols au milieu des