dans le nombre des soldats, s’il le faut, et dans la discipline. La république, telle que les partis extrêmes nous la font, n’est pas une société régulière ni pacifique. L’opposition au pouvoir est partout organisée sur le plan d’une conspiration. L’anarchie a son gouvernement qui pousse des affiliations jusque dans les communes les plus reculées et les moins peuplées de la France. L’anarchie a ses prétoriens dans la personne des membres des sociétés secrètes toujours prêts à un coup de main contre le pouvoir. L’anarchie a ses fonctionnaires désignés partout pour prendre la place, en cas d’émeute et d’une émeute victorieuse, des fonctionnaires régulièrement institués et acceptés par le pays. Les deux camps sont partout en présence, les armes chargées et les sentinelles au guet, séparés à peine par l’épaisseur de l’occasion qu’une mine fasse explosion ou qu’un poste soit mal gardé, et la bataille va s’engager sur toute la ligne.
Les prétendus docteurs en économie politique qui nous invitent au désarmement sont donc tout simplement des niais ou des traîtres. La convention, toujours logique jusque dans ses utopies, avait aboli la peine de mort en principe ; mais elle avait du moins ajourné l’application de son rêve à la paix. Les conventionnels de notre temps veulent que la société désarme avant les partis ; ils nous proposent de remettre la baïonnette dans le fourreau et d’enclouer les canons, lorsque nous sommes encore en pleine guerre sociale. Eh bien ! nous ne serons pas assez sots pour nous laisser persuader. La monarchie a posé les armes devant les barricades, et nous savons où ce procédé l’a conduite ; la société, qu’on se le tienne pour dit, ne posera pas les armes devant le socialisme, elle ne détruira pas de ses propres mains la digue salutaire qui arrête le massacre, le pillage et l’incendie.
Le dieu que nous invoquons est plus que jamais le dieu des batailles. De l’armée bien composée et bien commandée dépendent en ce moment la paix des rues, la sécurité des transactions et la prospérité des finances. Sa vigueur peut nous replacer parmi les nations au rang qui nous appartient ; sa faiblesse nous replongerait dans l’abîme, et cette fois sans le moindre espoir de nous relever. Il n’y a pas aujourd’hui d’économie plus mal entendue que celle que l’on ferait, au-delà d’un certain degré, sur les forces militaires de la France. Occupons-nous donc de l’armée, et qu’elle appelle toute la sollicitude des pouvoirs publics. L’armée est déjà, dans ces formidables circonstances, un sacerdoce civil ; qu’elle devienne aussi une carrière, et que le drapeau derrière lequel se réfugie la nation abrite ceux qui l’auront défendu ou porté. En améliorant la position des officiers et des soldats, organisons de véritables institutions militaires ; nous aurons beaucoup fait pour la civilisation et pour le salut du pays.
Un seul côté de ce budget paraît susceptible, au point de vue des