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de l’état ne s’élèvent pas, comme on le croirait au premier aperçu, à la somme de 1282 millions. Le chiffre total du budget comprend les dépenses que les départemens et les communes, au moyen des centimes additionnels, acquittent et qui présentent une importance de 152 millions pour ’ 850.On trouve encore, en le décomposant, des dépenses qui sont portées pour ordre et que couvrent des recettes d’une valeur égale, tels que les remboursemens, les primes à l’exportation et les approvisionnemens en tabac et en poudre ; il y a là une autre somme de 78 millions, qui élève à 230 millions la somme à retrancher, du budget, si l’on veut connaître les dépenses réelles de l’état. Ainsi, le budget réel de 1851 est d’un milliard cinquante-deux millions. Sur cet ensemble d’allocations, les dettes et rémunérations du passé absorbent 327 millions qu’il faut, pour faire honneur à nos engagemens, payer avant toute chose ; les dotations, qui représentent les frais « du pouvoir législatif et ceux du pouvoir exécutif, comptent pour 9 millions ; 595 millions (et non pas 717) sont destinés en réalité aux services généraux, qui embrassent l’administration civile, l’enseignement, le culte, la justice et les forces, militaires ; 123, millions représentent les frais de perception et d’exploitation des revenus publics[1].

Il est difficile d’opérer des économies notables sur la perception des impôts. Les frais représentent à peu près 10 pour 100 du produit. Ce n’est pas d’une manière absolue qu’il faut les réduire, c’est d’une manière relative, en étendant la sphère des taxes et en rendant productives celles qui ne le sont pas, soit par le développement de la prospérité publique, soit par une combinaison plus judicieuse des tarifs.

Reste la dépense des services généraux. Sur cette somme de 595 millions, la guerre, la marine et les colonies, l’Algérie comprise (déduction faite des dépenses portées pour ordre), en absorbent 395 ; il n’y a plus que 200 millions pour défrayer les services civils. Si l’on compare ce budget avec celui de 1847, le dernier de la monarchie, il en ressortira une réduction d’environ 80 millions. Mis en regard du budget de 1848, le premier de la république, il présente, sur le seul département de la guerre, une diminution d’environ 118 millions[2].

On peut assurément modifier, pourvu que la prudence la plus attentive préside à ces combinaisons, l’organisation et l’emploi de nos forces militaires ; mais il ne paraît pas possible, dans l’état de la France et de l’Europe, d’encourager au-delà de ce qui a été fait la réduction de l’effectif. L’armée est aujourd’hui la dernière espérance et l’instrument véritable de la civilisation. M. Donoso Cortès s’étonne quelque

  1. Voir l’analyse du budget de 1850 dans le rapport de M. Gouin.
  2. Le crédit porté aux services généraux des ministères, en y comprenant les dépenses départementales, était, en 1847, de 814 millions ; en 1848, de 877 millions ; en 1849, de 764 millions ; en 1850, de 731 millions ; en 1851, il est de 717 millions.