de traiter avec lui et de l’amener a un arrangement. Il n’avait jamais songé sérieusement à garder lui-même le pouvoir ; toute résistance était d’ailleurs impossible après San-Antonio et Yanahuara ; les bases de l’accord à intervenir ne furent pas très difficiles à poser. Seulement, comme Castilla avait toujours combattu au nom de la constitution il exigea, pour s’y conformer, qu’Élias remît le pouvoir à Menendez, comme président du conseil d’état et seul chef légal du gouvernement depuis la mort de Gamarra. Menendez, qui, en vertu d’une amnistie générale donnée par ce même Élias, était déjà de retour à Lima, se trouva ainsi, par un singulier jeu de la fortune, reporté momentanément au pouvoir ; mais il était bien clair qu’Élias devait en demeurer le chef réel, au moins jusqu’à l’arrivée de Castilla. C’est ce que Menendez ne voulut pas comprendre. Guidé encore par de mauvais conseils et une présomption que rien chez lui ne justifiait, il essaya, au contraire, de lui faire une opposition impossible, et quelques jours s’étaient à peine écoulés, qu’il était obligé lui-même de se retirer en remettant, sous le prétexte de sa mauvaise santé, le pouvoir entre les mains du vice-président, M. Figuerola. Celui-ci, vieillard presque octogénaire, nomma Élias son ministre général, et ne fut là, en effet, que pour donner sa signature.
Cependant on procédait partout aux élections pour la présidence de la république. Le résultat ne pouvait en être douteux, et si Élias, dont le parti dominait pourtant à Lima et dans les départemens du nord, avait pu se faire un moment quelque illusion, il ne dut pas tarder à être désabusé. En proie d’ailleurs à bien des attaques de la part des amis de Vivanco pour l’opposition qu’il lui avait faite après l’avoir soutenu si long-temps, peu habitué aux luttes ardentes des partis et des intérêts politiques, il se retira, fatigué de son rôle et abreuvé de dégoûts. Avec lui, M. Figuerola se retira également. Menendez put donc, par conséquent, reprendre une troisième fois le pouvoir et le garder jusqu’à la proclamation du général Castilla comme président de la république.
Ici finit l’histoire des dernières révolutions du Pérou ; jusqu’à ce jour du moins, la présidence du général Castilla n’a point été troublée par les orages qui avaient agité la république péruvienne sous ses prédécesseurs. Cette tranquillité se maintiendra-t-elle, et par quels moyens sera-t-il donné au Pérou de prévenir le retour des tempêtes politiques dont il a tant souffert ? Quelques mots en finissant sur la république et sur les institutions qui la régissent actuellement répondront peut être à cette question.