Page:Revue des Deux Mondes - 1850 - tome 6.djvu/391

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


UNE

HISTOIRE HOLLANDAISE.


Séparateur


Il est des natures poétiques qui semblent traduire le pressentiment d’une fin prochaine dans les épanchemens même de leur ame. Il serait facile d’en trouver des traces évidentes dans ce qui reste d’elles. À une imagination sympathique, tel pouvait apparaître, il y a quelques années, l’auteur de deux récits que nos lecteurs n’ont pas oubliés : Résignation et le Médecin du Village[1]. En lisant ces pages empreintes de tant de mélancolie, d’un intérêt si vrai et si bien senti, on se défendait difficilement d’une pensée importune, qui allait peut-être au-delà de ces touchantes personnifications du devoir et de la douleur où se complaisait l’écrivain. Quoi qu’il en soit, ce sentiment de vague tristesse n’a eu que trop vite l’occasion de se fixer et de se produire par la mort même, si regrettable et si prématurée, de l’auteur, enlevé récemment aux lettres, à la société et aux illustres sympathies qui l’entouraient. Nous ne prononcerons ici aucun nom ; c’est un soin qui ne nous appartient pas, un devoir peut-être que d’autres rempliront un jour. La gloire littéraire ne saurait tomber en déshérence. Est-ce donc offenser la mémoire d’une personne qui a vécu surtout pour la poésie que de ne pas laisser ignorer au public et son nom et ses œuvres ? Dans toute vie où le culte des lettres a tenu quelque place, n’y a-t-il pas une part que les amis inconnus réclament, et qu’il faut leur accorder tôt ou tard ? Cette heure de restitution, la Revue l’a quelquefois devancée, trop tôt pour la modestie de l’écrivain, trop tard pour l’empressement de nos lecteurs. Cette fois encore, nous voudrions tirer de l’ombre où elles se dérobent

  1. Voyez les livraisons du 15 mai 1843 et du 15 mars 1847.