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difficultés à résoudre ; la marche des affaires deviendra simple et rapide pour la législature, satisfaisante pour les administrés ; chaque jour verra disparaître un embarras, aplanir un obstacle : nous vivons dans un pays toujours empressé d’escompter au profit de la sécurité présente les moindres espérances de la sécurité à venir. La nécessité de simplifier les rouages de l’administration et de leur imprimer plus d’action impliquerait peut-être des modifications d’attributions, dont la seule considérable serait la réunion des départemens des travaux publics, de l’agriculture et du commerce en un seul ; mais la pratique des affaires indiquerait à elle seule les changemens utiles.

Arrivé au terme de cet aperçu rapide de nos infirmités, faut-il, à l’exemple de ceux dont l’ambition est de les aggraver, chercher dans les écrits du prince Louis-Napoléon si, le regard et l’esprit tendus vers la perspective évanouie des destinées que lui promettaient les constitutions de l’empire, il aurait quelquefois rêvé, au milieu des souffrances de l’exil, à ce qu’eût été le règne de Napoléon III ? Cela fût-il, ce ne serait pas un grand crime. Le métier de gouvernant n’a certes pas, dans l’Europe actuelle, des attraits tels qu’on ne doive, quand on sent le besoin d’être gouverné, un peu de gratitude à ceux qui veulent bien s’embarrasser de ce soin ; il ne faut pas les décourager : assez de princes pensent peut-être en 1830 ce que pensait il y a une centaine d’années notre compatriote le marquis d’Argens. – « Que feriez-vous, marquis, si vous étiez roi de Prusse ? lui disait en soupant à Sans-Souci le grand Frédéric. — Si j’étais roi de Prusse !… je chercherais, sire, quelque bonne dupe qui consentit à me donner en échange de ma couronne un château avec cinquante mille livres de rente en Provence, et, dès que je l’aurais trouvée, je la mènerais chez un notaire et lui ferais signer son engagement sans lui laisser le temps d’apercevoir l’énormité de sa bévue. » — Certainement la thèse serait aujourd’hui soutenable ailleurs même qu’à Sans-Souci, et il est d’autant moins nécessaire de la mettre en discussion à Paris, qu’un sceptre et urne couronne y procureraient aujourd’hui beaucoup moins de force que d’embarras. La force est dans le travail intelligent et opiniâtre, dans le rétablissement du principe de l’autorité, dans le choix dés personnes que le gouvernement investit de sa confiance, point ailleurs. Il n’y a pas plus de panacée aux maux de la société qu’à ceux du corps humain ; les uns et les autres ne se guérissent que par le régime et la persévérance, et découvrît-on le secret de rétablir instantanément les anciennes bases de l’ordre dans le pays, nous n’en serions guère plus avancés, si le gouvernement devait continuer à se traîner dans les erremens d’incurie qui nous ont conduits où nous sommes : les mêmes causes produiraient les mêmes effets. Le peuple français veut que ses affaires se fassent, que les ressorts de l’administration soient enfin retendus,