une forte opposition s’était formée contre lui en Bolivie. Le congres, assemblé sous la présidence de M. Calvo renfermait dans son sein, un parti puissant qui repoussait le système de la confédération. Ce parti, mécontent des tendances trop favorables à Lima qui se manifestaient chez Santa-Cruz, craignit de voir la Bolivie, absorbée par le Pérou, perdre un jour sa nationalité indépendante et ne plus devenir qu’une province de son heureuse rivale. Le pacte fédéral, à peine conclu, était donc sur le point de se briser. Santa-Cruz crut devoir se rendre immédiatement lui-même en Bolivie ; mais il put se convaincre que, dans les circonstances présentes, toute discussion serait dangereuse. Il trancha la difficulté en prorogeant indéfiniment le congrès.
Déjà précédemment il avait été obligé de faire aux embarras de la situation un sacrifice important. Les réformes à apporter à l’administration intérieure avaient, de tout temps, appelé son attention particulière, et une des plus urgentes était, sans contredit, celle de la législation. Aussi, peu de temps après son arrivée à Lima, avait-il promulgué un nouveau code civil, rédigé en grande partie dans l’esprit du code français, et qui devait remplacer le dédale des lois et ordonnances espagnoles qui seules encore avaient régi le Pérou jusqu’à ce jour. L’établissement de ce code rencontra une forte opposition, particulièrement dans la magistrature et dans le barreau, arrachés tout d’un coup à leur routine, et aussi dans le clergé, dont il diminuait les trop nombreux privilèges. Une députation à la tête de laquelle se trouvait l’archevêque de Lima se rendit au palais pour supplier le protecteur de modifier le nouveau code. Santa-Cruz, dont le gouvernement n’était pas encore suffisamment bien établi, crut prudent de céder pour le moment. Une commission fut nommée pour en revoir les dispositions, et l’application en fut suspendue provisoirement. À la chute de Santa-Cruz, ses ennemis, par haine du chef qu’ils venaient de renverser, détruisirent tout ce qu’il avait établi, et le nouveau code, qui ne rencontrait d’ailleurs que trop d’opposition, disparut nécessairement avec celui qui l’avait donné.
Pendant que Santa-Cruz parcourait les provinces du Pérou pour assurer partout la tranquillité intérieure, le Chili avait précipité ses armemens, et au mois d’octobre 1837, sa flotte parut devant le petit port de Hornillos, près de Quilca, où elle débarqua deux mille huit cents hommes d’infanterie et six cents chevaux, qui marchèrent immédiatement sur Aréquipa. Trop faible pour résister, la garnison de cette ville se retira dans les montagnes, où elle attendit l’arrivée de Santa-Cruz, qui se trouvait encore en Bolivie, et qui se hâta de réunir ses troupes pour s’opposer à l’invasion. Il arriva à la tête de forces considérables ; mais, pour détruire les Chiliens, il n’avait pas même besoin de leur livrer bataille. J’ai dit déjà quelle est la position d’Aréquipa. Une