centre droit, l’interprète et le zélé défenseur de ses votes dans toutes les discussions importantes. M. Haym est un caractère élevé ; il avait siégé à Berlin dans la mémorable diète de 1847, et il a écrit sur les orateurs et les débats de cette première assemblée prussienne un livre qui honore son intelligence autant que son patriotisme. Le tableau qu’il avait à tracer ici (l’Assemblée nationale allemande jusqu’à l’élection de l’empereur) était infiniment moins clair ; il avait surtout moins de séductions pour un esprit qui désirait de sérieuses réformes, et chez qui les illusions de l’unité allemande ne furent pas de longue durée. Puis voici les manifestes de l’extrême gauche : la Mort du parlement, par M. Bauer ; l’Histoire de la révolution allemande, par M. Zimmermann ; les brochures de M. Vogt ; enfin beaucoup d’autres écrits du même genre, à la fois violens et monotones, exagérés et languissans l’uniformité de la déclamation, l’inflexible discipline du radicalisme passe le niveau sur ces intelligences si fières d’elles-mêmes, sur ces réformateurs de la terre et du ciel. En dehors du parlement, une foule de publicistes improvisés viennent ajouter leurs travaux à ces mémoires parlementaires dont je n’ai pas cité la dixième partie. Rappelez-vous, à Paris, au lendemain de février, tous ces placards, toutes ces proclamations dont le peuple couvrait du matin au soir les murs de la cité. Chacun se croyait obligé de venir en aide à ce gouvernement provisoire qui annonçait de si grandes choses, et, comme apparemment il publiait trop peu de décrets, on lui en fournissait par centaines. À Francfort aussi, tout bon patriote se fit un devoir d’éclairer l’archiduc Jean et l’assemblée sur les moyens de constituer l’unité du pays. Il paraît qu’aucun de ces moyens ne s’est trouvé efficace, ou peut-être, au milieu de cette pluie de brochures, a-t-on négligé précisément de consulter celle qui aurait tout sauvé. Parmi tant de manifestes, il y en a un qui m’a frappé : c’est un violent réquisitoire de M. Menzel contre la politique étrangère de l’assemblée de Francfort. D’après le jugement des meilleurs esprits, un des plus graves torts de l’assemblée, ce furent ses provocations à l’extérieur, ses continuels défis à la Hollande, à la Sardaigne, à la Prusse, à l’Autriche, ses insultes à l’Italie, ses violences contre le Danemark : M. Menzel voit les choses tout autrement ; il accable d’anathèmes ce parlement trop pacifique à son gré, et lui trace un plan de guerre à bouleverser l’Europe. On sait quelle est la défiance de M. Menzel ; la teutomanie sur ce point n’a rien à reprocher aux passions démagogiques ; le célèbre publiciste de Stuttgart, l’implacable adversaire de Goethe, le mangeur de Français, que Louis Boerne a si vertement bafoué, est pour le moins aussi soupçonneux que Robespierre. L’Allemagne, à l’en croire, est entourée des plus perfides ennemis ; il dresse la liste de tous ces grands politiques dont il a peur, et il va jusqu’à y mettre M. Bastide ; on n’a
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