de la mériter. Jeune, actif, entreprenant, Salaberry aspirait depuis long-temps à la dictature ; il avait réussi à se faire un parti dans l’armée. L’insurrection du Callao fut pour lui une occasion qu’il se hâta de saisir. Après avoir repris cette forteresse sur les partisans de Lafuente, il s’y installa lui-même et se munit amplement de vivres, d’armes, de provisions de guerre. Le faible gouvernement de Lima prit sur lui de confirmer à Salaberry un commandement qu’il n’osait pas lui enlever. Reconnu dans ses fonctions usurpées, Salaberry parvint à attirer au Callao, sous divers prétextes, la plus grande partie de la garnison de Lima. Il se l’attacha par de belles promesses, et quand il se vit bien sûr de ses soldats, il leva lui-même l’étendard de la révolte. Il ne faut pas de bien grandes armées au Pérou pour renverser un gouvernement. Salaberry était à la tête de six cents hommes, quand il marcha sur Lima, alors dégarnie de troupes, et y entra sans rencontrer aucune résistance. Il est vrai qu’il fut favorisé en secret par les partisans de Gamarra, qui espéraient trouver en lui un instrument facile pour l’accomplissement de leurs desseins. Leur attitude lui ouvrit bientôt les yeux. Ce n’était pas d’ailleurs un homme avec lequel il fût prudent de se jouer ainsi. Il résolut d’assurer sa domination par la terreur. Un emprunt fut imposé aux principales familles ; un décret confisqua les propriétés de tous les émigrés qui ne seraient pas rentrés dans le délai de quinze jours ; un autre décret enjoignit, sous les peines les plus sévères, à tous les déserteurs, à tous les officiers réformés, de revenir se ranger sous les drapeaux. Il forma ainsi autour, de lui une armée considérable.
Le général Orbegoso, averti de ce qui se passait à Lima, avait envoyé contre Salaberry un corps de cinq cents hommes, qui débarquèrent à Pisco, sous les ordres du général Valle-Riestra. En même temps le général Miller, Anglais de naissance, bon soldat qui avait fait la guerre de l’indépendance, partait du Cusco à la tête d’une seconde division et marchait sur Jauja, où Orbegoso devait réunir toutes ses forces. Salaberry, qui n’avait que quelques centaines d’hommes, semblait perdu, lorsque tout à coup la division Valle-Riestra, qui avait débarqué à Pisco, se soulève et livre son général, qui est lâchement fusillé. En même temps les villes de Puno, Ayacucho, Cusco, abandonnent la cause d’Orbegoso, et déclarent se confédérer entre elles, se séparer de Lima et ne vouloir prendre aucune part à la lutte qui vient de s’engager ; les troupes que commandait Miller l’abandonnent elles-mêmes et reconnaissent le nouveau gouvernement fédéral. Le général Nieto, dans le département de la Libertad, soutenait encore la cause d’Orbegoso. Salaberry marche contre lui à la tête de quatre cent cinquante hommes, et ce général lui est encore livré par ses propres soldats. Enfin, les commandans des bâtimens de guerre péruviens proclament