le poète Marullus ; mais, arrivés là, les poètes de cette école reculaient bientôt, comme malgré eux, vers les idées chrétiennes, et pendant que Vida dans ses hymnes rapproche Jésus-Christ de Jupiter, et le Saint-Esprit de l’amour primitif, Marullus dans ses hymnes rapproche, au contraire, Jupiter de Jésus-Christ et l’amour mythologique de l’amour divin. Voyez ces vers de l’Hymne de Marullus à Jupiter « C’est lui que nous adorons, le créateur du monde et le maître des cieux, qui n’a ni commencement ni fin, ni naissance ni mort, qui gouverne tout, n’est asservi lui-même à aucune loi, et qui, tout entier en lui-même, échappe aux vicissitudes du temps par son éternité, et donne au monde l’abondance des jours. Il n’a qu’un fils, l’unique objet de son amour, éternel comme lui, pur et sans tache ; c’est à lui qu’il a confié le soin de l’univers, la tutelle de son empire ; c’est avec lui qu’il partage son pouvoir[1]. » C’est ainsi qu’au XVe siècle, par un perpétuel échange d’idées, le Christ est païen et Jupiter est chrétien, tant les deux inspirations du moyen-âge et de l’antiquité se mêlent dans l’esprit des poètes du temps, qui ne peuvent se décider ni à renoncer à l’élévation des idées chrétiennes, même quand ils célèbrent le paganisme, ni à l’élégance et à la beauté de la poésie antique, même quand ils chantent des sujets chrétiens.
SAINT-MARC GIRARDIN.
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Et rerum autorem dominumque agnoscimus aethrae,
Quem non principium, non ulla extrema fatigant,
Expertem ortus atque obitus ; qui cuncta gubernas,
Nescius imperii, tolusque inte ipse vicesque
Despicis aeternas et tempora sufficis aevo :
Unigenam sancto prolem complexus amore
AEterno aeternam et perfectam, labe carentem,
Cui rerum late custodia credita cessit
Et regni tutela tui consorsque potestas
Temperat acceptas sine fine et tempore habenas. (Hymnes de Marullus, liv. Ier,)