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L'ÉPOPÉE CHRÉTIENNE


DEPUIS


LES PREMIERS TEMPS JUSQU'A KLOPSTOCK.




SANNAZAR ET VIDA.[1]




Nous avons vu l’épopée du Christ pendant le moyen-âge, et nous en avons étudié les principaux caractères. Comme il est de la nature de cette épopée d’être, pour ainsi dire aussi éternelle que le christianisme, et que chaque siècle a voulu la faire en y mettant son sentiment et sa pensée particulière, il faut voir quelles couleurs prend cette épopée dans la poésie latine au XVe et au XVIe siècles, c’est-à-dire à l’époque de la renaissance.

Ici nous ne trouverons plus ce style imparfait et grossier du moyen âge : la poésie devient plus élégante, le style est meilleur, on sent l’étude des poètes de l’antiquité ; mais, en gagnant l’élégance, peut-être l’épopée chrétienne a-t-elle perdu l’originalité. Le style du moyen-âge porte l’empreinte d’une conviction profonde, et je dirais volontiers qu’à cette époque l’épopée chrétienne est toute d’une pièce pour le style comme pour les pensées. Dans le siècle de la renaissance, au contraire, l’expression semble se séparer de la pensée, car la pensée est chrétienne ; mais le style, plein du souvenir des auteurs anciens, est païen. La poésie de Sannazar et de Vida est, de ce côté, une poésie singulière. Elle est

  1. Voyez les deux premières parties dans les livraisons des 1er mai et 15 août 1849.