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milieu de ce monde pervers, pour échapper aux dangers qui l’enveloppaient. Alors il entendit une voix qui lui répondait : « Tu vois comment la jeunesse tombe dans les vanités : à mesure qu’elle croît en années, elle croît en mensonges et en légèretés ; la vieillesse arrive, et, endurcie dans des habitudes de perversité, elle tombe dans la mort. En conséquence, il faut que tu t’éloignes de tous les hommes vieux et jeunes, et que tu sois pour eux comme un étranger. »

Fox quitta donc sa famille et ses amis pour errer de côté et d’autre comme une ame en peine. À partir de ce moment, il abandonna son ancien costume, et, pendant de longues années, on ne le vit plus que vêtu de cuir de la tête aux pieds. Tantôt renfermé dans sa chambre, tantôt passant des journées entières accroupi dans le creux d’un vieil arbre, toujours jeûnant, priant et méditant les Écritures, il fut assailli de tentations et de découragemens. Plusieurs fois, il vint demander conseil à des ministres dont il avait entendu vanter la science et la vertu. L’un d’eux lui recommanda de « prendre du tabac et de chanter des psaumes ; » un autre lui prescrivit « des saignées et des purgations ; » un troisième enfin le mit à la porte de chez lui. De tous, il s’éloigna avec un sentiment d’indignation, en s’apercevant qu’ils ne pratiquaient pas ce qu’ils professaient. Si grands étaient alors son abattement et son chagrin, nous apprend-il, qu’il formait souvent le souhait « de n’être jamais venu au monde ou d’être né aveugle pour ne pas voir la malice des hommes, sourd pour ne pas entendre leurs vaines paroles et leurs blasphèmes. »

Vers cette époque, il eut plusieurs révélations qui le frappèrent d’étonnement. Il lui fut ouvert que tous les chrétiens, protestans ou papistes, étaient des croyans, des fils de Dieu, qu’ils le devenaient du moins en passant de la mort à la vie, mais que la simple profession d’une croyance ne donnait pas la qualité de croyant. Il lui fut manifesté encore que l’éducation des universités n’était pas suffisante pour faire d’un homme un ministre de l’esprit, et que Dieu, qui avait créé l’univers, n’habitait pas dans les temples construits de main d’homme. Désormais Fox ne donna plus aux églises de pierre que le nom de maisons à clocher. Les tentations cependant ne cessaient de l’obséder. Effrayé et désolé de ne trouver d’appui nulle part, il fut enfin consolé par une voix qui disait dans son cœur : « Il y a quelqu’un qui peut te comprendre et t’aider, c’est Christ lui-même. » Soudain son ame tressaillit de joie. Il sentit « qu’il ne devait rien attendre des hommes, parce que toute sa confiance devait être dans le Seigneur, qui seul est capable de sauver. » Il sentit que « la mort, par Adam, s’était répandue sur toute la création, mais que par Christ, qui était mort pour tous, tous pouvaient être délivrés ; que Christ apparaissait dans le cœur de tous, et qu’un discernement spirituel lui était donné à lui-même, par