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fut encore assez puissant pour faire arriver en 1825 le fils de M. Adams à la présidence ; mais ce fut son dernier signe de vie. L’élection du général Jackson, en 1829, lui porta le coup décisif.

Déjà, du reste, le nom de whigs avait remplacé peu à peu celui de fédéralistes, et les partis avaient changé de chefs et de terrain. En effet, on s’était mis à peu près d’accord sur toutes les questions qui avaient fait l’objet des premières luttes. Aucun des deux partis ne s’était jamais proposé de toucher à la constitution, dont les mérites éclataient par l’heureuse épreuve du temps, et dont l’autorité morale croissait d’année en année : il ne s’était jamais agi que de l’interpréter sur les points qu’elle n’avait pas prévus ou n’avait pas tranchés, et le peuple avait été appelé à se prononcer indirectement sur tous ces points dans plusieurs élections générales. Or, les deux partis étaient trop bons républicains et trop habiles pour remettre aucunement en question ce que le souverain pris par eux pour juge avait paru décider. Ils savaient aussi que la multitude est un souverain capricieux, qui se lasse d’entendre toujours répéter les mêmes noms, et déjà ils avaient soin de déplacer chaque fois le terrain de la lutte et de substituer des noms nouveaux aux noms affaiblis par des défaites. C’est ainsi que M. Clay remplaça à la tête des whigs le second Adams, et que des questions nouvelles furent soulevées.

La question de la banque des États-Unis a été le dernier point commun entre l’ancien parti fédéraliste et son héritier, le parti whig. L’établissement de cette banque a été la seule tentative sérieuse de centralisation qui ait été essayée aux États-Unis, et ses services immenses, sa bonne administration, ne purent lui faire pardonner son origine. C’est peut-être le premier exemple qu’on ait eu d’une institution excellente et irréprochable, n’ayant donné et ne donnant que les meilleurs résultats, et sacrifiée volontairement au triomphe d’une théorie. On fit d’abord valoir, pour la défendre, la convenance et l’avantage d’avoir un grand établissement modèle, d’une réputation bien établie dans le monde entier, et qui fût aux États-Unis le régulateur du crédit et de la circulation. On fut promptement vaincu sur ce terrain par les rivalités locales et les suggestions de l’intérêt privé. New-York ne pardonnait pas à la banque des États-Unis d’avoir son siège à Philadelphie ; toutes les banques d’états lui enviaient les avantages qu’elle retirait du dépôt des recettes du trésor et du maniement des fonds de la confédération. Enfin, tous les spéculateurs qui, pour multiplier leurs bénéfices et leur crédit personnel, aspiraient à fonder dans chaque comté et dans chaque ville des banques par actions, se croyaient intéressés à détruire un établissement investi déjà d’une grande autorité commerciale, et assuré de ne point rencontrer de rival dans la confiance publique. L’effroyable crise financière qui a suivi la chute de la