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féodale des terres ; mais on ne savait quoi produire au-delà des plus stricts besoins des colons, et c’était une raison suffisante pour que la colonie végétât. À Saint-Domingue, qui était une colonie magnifique, la perle des Indes occidentales, on avait copié l’esclavage antique et on avait une production parfaitement appropriée, le sucre. C’est sur des bases analogues, la culture du coton et l’esclavage, qu’est fondée la grandeur des états du sud de l’Union américaine. Ni la féodalité, ni l’esclavage ne sauraient être proposés aujourd’hui pour l’économie sociale d’une colonie française. Les Anglais paraissent avoir trouvé, selon la diversité des cas, divers programmes dans lesquels une donnée d’économie industrielle, je veux dire une certaine production, une certaine culture, se combine avec une donnée sociale sympathique à la liberté. Celles de leurs colonies qui se développent sont ainsi pourvues chacune du sien. Les Américains du nord des États-Unis en possèdent un qui est libéral et qui va admirablement au climat moyen des régions dites de l’Ouest. Jusqu’à quel point la pensée de M. Wakefleld ou le système américain ; ou quelque autre des combinaisons déjà expérimentées, cadre-t-il avec les circonstances qu’offre l’Algérie ? Le sujet méritait d’être traité par la commission, et il était digne du rapporteur. Tant que la commission ne l’abordera pas, elle ne produira sur la question de la colonisation que des dissertations sans issue[1].

L’abolition de la mendicité serait fort désirable. La mendicité dépouille l’homme même qui est dans la nécessité d’y recourir de cette fierté qui est l’un des attributs de l’homme honnête et libre. À plus forte raison, est-ce une flétrissure, lorsqu’elle est volontaire et préméditée, lorsqu’on s’en fait par goût une profession. Le pauvre alors n’est plus un concitoyen digne d’intérêt, c’est un fainéant qui appartient à la police. D’un autre côté, les dépôts de mendicité ne sont pas des écoles de moralité. En améliorer la tenue exigera de grands efforts dont le succès n’est pas certain ; les multiplier requerrait de fortes sommes : ce ne pourra être que l’œuvre du temps, la commission l’entend ainsi.

Au sujet de l’amélioration des logemens, comment faire et quoi faire ? Déjà la police municipale a le droit d’astreindre les propriétaires à certains soins dans l’intérêt de la santé publique. On va, par une loi spéciale, qui a déjà subi l’épreuve de deux lectures au sein de l’assemblée, l’armer de dispositions nouvelles à l’aide desquelles elle pourra commander des mesures, d’assainissement peu coûteuses[2]. Envers les

  1. Le sujet de la colonisation a été traité en détail par M. Wakefield dans un ouvrage intitulé a View of the art of colonization, et par M. Merivale, actuellement sous-secrétaire d’état des colonies, dans un cours d’économie politique fait à l’université d’Oxford, et publié en deux volumes, sous le titre de Lectures on the colonization and colonies.
  2. La proposition est de M. de Melun (du Nord) ; le rapporteur de la commission spéciale est M. de Riancey.