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V


Non, le lion frappé d’une balle invisible
Ne fait pas, que je sache, un écart plus terrible ;
Le serpent que, dans l’herbe, a foulé le passant
Ne siffle pas plus haut, certe, en se redressant,
Que lui, lorsqu’il sauta sur son fusil de chasse,
Et d’un sifflet aigu fit retentir l’espace.
Où va-t-il ? Demandez à l’éclair dans la nuit,
À la flèche qui passe, au mouffoli qui fuit,
Demandez-leur plutôt le chemin qu’ils vont prendre ;
Ils pourront s’arrêter peut-être et vous l’apprendre ;
Lui, non ! — En Corse encore, on montre deux rochers
Sur un gouffre béant l’un vers l’autre penchés ;
En approchant du bord, la bergère prend garde,
Et la chèvre elle-même, en tremblant, s’y hasarde.
Cet endroit périlleux ; c’est le Saut de Roland :
L’intrépide chasseur l’a franchi d’un élan.
Par le vent soulevée, une cape de laine
Flotte sur son épaule, — et ses chiens, hors d’haleine ;
Qui couraient devant lui, peuvent le suivre encor,
Mais de loin, à la piste, — à la voix -de son cor !

VI


Cependant, à la nuit, la maison Bonaparte,
Simple à l’extérieur comme celles de Sparte,
Paraissait, du dehors, sans feu, sans habitans ;
Mais la confusion, le trouble, étaient dedans.
Madame Mère (ainsi s’exprime la légende),
Le roi de Westphalie et le roi de Hollande,
La princesse Borghèse et le cardinal, tous,
Les hommes inquiets, les femmes à genoux,
Attendaient. — Seulement, leurs fronts sans diadème
N’avaient, en ce temps-là, que leurs noms de baptème !
Une vieille servante, occupée à l’écart,
Comme Marthe, faisait les apprêts d’un départ.
Cette crainte d’ailleurs n’était que trop fondée !
À peine pouvons-nous, nous autres, en idée,
Nous figurer ces temps où chaque citoyen