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LES PROSCRITS.




AU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE.




I


Vous plaît-il d’écouter une simple chronique
Du temps de Bonaparte et de la république ?
Mon père me l’apprit qui la tenait du sien,
Et je la sais par cœur comme un rapsode ancien.
C’est une pauvre histoire, aux muses étrangère,
D’une robe sans art vêtue à la légère
Il s’agit de proscrits errant sans feu ni lieu,
Des enfans, une mère, à la garde de Dieu ;
Mais parmi les enfans se trouvait votre père,
Et la mère, plus tard, était madame Mère.
Et puis la poésie, en son libre transport.
Nous montre volontiers ces contrastes du sort,
Ces exemples fameux, ces jeux de la fortune
Qui sortent quelquefois de la règle commune,
Et peut-être ceux-ci, bien qu’encore inconnus,
Bien que les principaux acteurs n’existent plus,
Par la Muse embellis, rajeunis par Orphée,
Vous intéresseront comme un conte de fée.